En Europe de l’Est et en ex-URSS, des millions de personnes s’ennuient du communisme. Parce que le chômage n’existait pas, que tout était gratuit ou presque, etc.
C’est bien sur avoir la mémoire sélective, et on n’a même pas besoin de parler de droits politiques. Les magasins vides, les listes d’attentes pour les logements, la nécessité d’être fidèle au parti pour obtenir de l’avancement, ça faisait aussi partie de la game.
La dernière personnalité publique à déclarer que la RDA n’était pas « si pire que ça » est le ministre-président du Mecklenburg-Vorpommern, Erwin Sellering (SPD). Dans une entrevue au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung », ce dernier s’est refusé de considérer la RDA comme un État de non-droit dans lequel il n’y avait rien de bon. De quoi faire bondir les autres partis au Landtag de Schwerin.
Qu’est-ce qu’Erwin Sellering trouvait de bien à l’Allemagne de l’Est? Les garderies, l’éducation.
Né à l’ouest, Erwin Sellering est un peu mal placé pour parler en bien d’un système qu’il n’a jamais connu. Et si c’est vrai que la RDA a bel et bien eu ses bons coups, cela ne doit jamais servir à relativiser la dictature du SED. Tout comme la ponctualité des trains sous Mussolini ne doit jamais être une excuse du fascisme.
Après tout, on n’a pas besoin d’une dictature communiste pour implanter des garderies accessibles.
Paradoxalement, ceci survient quelques jours après la sortie d’un livre sur l’influence de l’ancien régime est-allemand sur le parti qui lui a succédé, die Linke. Son auteur, Hubertus Knabe, n’en est pas à son premier bouquin sur le sujet, lui qui est aujourd’hui directeur du mémorial de l’ancienne prison de la Stasi dans le quartier berlinois Hohenschönhausen. Et sa thèse principale n’a jamais changé: la RDA n’est pas qu’un lointain souvenir, mais bien quelque chose de bien présent et actif dans l’Allemagne d’après 1990. Et ces ex-cadres de la Stasi et du SED, se présentant comme démocrates et agissant au sein du Linkspartei, constituent encore aujourd’hui la plus grande menace à la démocratie allemande.
Berliner Morgenpost
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Soit dit en passant, la SPD a estimé les demandes du Linkspartei (garderies et écoles gratuites, pensions plus élevées, etc.) à 150 milliards d’Euros par an.