Archive pour 5 novembre 2010

ADISQ, UDA: Ce que le public veut, c’est secondaire!

L’équipe de JE vient de nous ressortir l’épouvantail du protectionnisme culturel ce soir, en présentant cette étude de l’ADISQ qui démontre, oh malheur, que les stations de radio francophones ignorent sciemment les affreux quotas qui affligent leur programmation.

Venant d’un organisme corporatiste prêt à imiter une dictature pour parvenir à ses fins, aucune surprise.

Pour l’ADISQ, la tendance du public à préférer la musique anglophone, demande suivie par les radios commerciales, ne peut être légitime car elle va à l’encontre des intérêts de ses membres. Il faut donc l’écraser, considérer que le CRTC est trop mou, la force réglementaire devant à tout prix être utilisée pour asservir le peuple afin qu’il soit contrait à se regarder le nombril et s’écouter parler à la radio et la télé.

Même combat du côté de l’UDA, qui préfère priver le Québec de films en français plutôt que tolérer la « concurrence déloyale » de la France (puisqu’au lieu de faire doubler deux fois, ou uniquement en France et déplaire à l’UDA, je soupçonne que des films ne sortent pas à cause de ça). Et mieux vaut blâmer les majors d’Hollywood, comme le fait Richard Therrien, que les diffuseurs québécois de séries américaines, dans le cas des coffrets de DVD qui ne sont vendus qu’en anglais même si la version française existe en Europe car la série est sous le couvert d’une entente d’exclusivité entre une chaine de télé québécoise et le distributeur. De toute façon, le vrai combat serait de se battre afin de faire abolir ces frontières que constituent les zones de DVD ainsi que les standards NTSC et PAL. Qui sait, si nos lobbys corporatistes étaient moins forts, peut-être que nos festivals du films auraient plus de versions francophones à proposer.

Je serais même prêt à parier que cela limite l’émergence de nouveaux artistes. De plus, quand Solange Drouin affirme que CKOI et NRJ ignorent de 25 à 60% des albums québécois, elle fait abstraction du fait que la situation se produit aussi du côté anglophone. Par définition, la radio commerciale se concentre sur des marques établies et joue toujours la même chose.

Solange Drouin me rappelle le film Radio Pirate, qui passe présentent à Super Écran. Une histoire vraie du milieu de la radio britannique dans les années 1960, un monde de rêve pour des gens comme l’ADISQ qui ne peuvent se contenter de la version soft.

Radio Pirate, c’est l’histoire d’une station de radio offshore, probablement très inspirée de Radio Caroline.

À l’époque, les radios privées sont rarissimes en Europe. Les stations d’État sont austères, par exemple la radio allemande ne diffuse aucune musique en anglais et n’a même pas d’émission pour les jeunes. La Norvège, l’Irlande et l’Islande n’ont qu’une seule station. En Angleterre, syndicats d’orchestres et compagnies de disques veillent à ce que la BBC ne diffuse presque pas de musique sur disque.

Les stations des bases américaines donneront un coup aux radios allemandes, en France ce seront les Europe 1, RMC et Radio Andorre basées hors des frontières qui pousseront Radio France à se moderniser un peu.

Vous savez pourquoi Radio France diffuse de la pub? En 1968, le PM Georges Pompidou déclare que la République devrait encaisser une partie de ces revenus qui vont vivre les « postes capitalistes étrangers ». Parallèlement, l’État français achète des actions des diffuseurs « périphériques » afin de contrôler leurs émissions par l’arrière.

Pendant ce temps, la Mer du Nord se remplit de bateaux d’où émettront des stations pirates avec des DJ et cette musique américaine que les autorités trouvent trop dégénérée pour passer en ondes. Tandis que l’Angleterre leur fait la guerre, allant même jusqu’à criminaliser leur écoute, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas vont céder: les « 3 », ces stations pour les jeunes, verront le jour.

Le gouvernement britannique finira par employer la même méthode: le rock et la pop iront sur la nouvelle BBC Radio 1, née le 30 septembre 1967, les radios pirate se trouvant alors incluant dans le diffuseur d’État.

L’Europe a tiré des leçons de ces années sombres: depuis années 1990, la règle du « sans frontière » s’applique, on a tourné la page. Désormais, le téléspectateur européen peut regarder ce qu’il veut, s’abonner à toutes les chaînes qu’il veut, suffit seulement de trouver une antenne assez grande!

Les chanceux.

Pendant combien de décennies devrons-nous encore subir la censure du CRTC exigée par l’ADISQ et l’UDA? Et si ce n’est pas le CRTC, ce sera quelqu’un d’autre car Dieu sait comment le Québec supporte cette mesure et comment ces lobbys protectionnistes ont leurs entrées au PQ: Curzi et Blanchet les ayant déjà dirigés!

Canoe.ca

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Alcan: Faire aux autres ce que l’on ne veut pas qu’ils nous fassent?

L’affaire Potash Corp a ravivé de vieilles blessures chez nos apôtres de ce cancer qu’est le nationalisme économique. Ainsi, TVA donnait la parole à des intervenants qui disaient que le Québec n’aurait jamais du laisser partir Alcan dans les mains de Rio Tinto.

Qu’importe si Steinberg a jadis fait faillite parce que l’on s’obstinait à ne pas vendre à l’Ontarien Loblaws (qui, rappelons le, a fini par acheter « notre » Provigo dans la controverse). Qu’importe si la Caisse de Dépot a payé trop cher ses parts dans TVA et Vidéotron pour l’enlever à Ted Rogers, Bernard Landry préfèrait que les Québécois se fasse avoir sur leurs factures de câble plutôt que d’avoir un « Canal 10 » avec un propriétaire de Toronto.

Les barrages n’ont pas bougé, les alumineries sont encore là, aucun employé n’a perdu son poste mis à part des « gens de bureau » à Montréal qui se sont surement recasés forts de cette référence sérieuse, ce n’est pas grave. Avec un siège social désormais à Londres, disent nos nationaleux de salon, la région n’est plus protégée. Ce n’est plus certain que cela reste une zone d’activité prioritaire, nous sommes devenus « une place comme une autre ». Comme si Alcan était ici pour nos beaux yeux.

C’est d’autant plus ironique d’entendre cela que, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’ultra-régionaliste en chef Marc-Urbain Proulx met Montréal (où était le siège social d’Alcan) dans le panier de ceux qui volent la richesse de la région.

Rio Tinto Alcan annonçait des investissements dans la région dernièrement. Cette année, 7 ans après La Baie, Abitibi-Bowater fermait son usine de Dolbeau. ABI est pourtant une entreprise canadienne, basée à Montréal, même pas Toronto. Et vous savez ce qu’on dit d’ABI dans la région? Que ce sont des étrangers qui possèdent nos forêts et qui n’ont pas de coeur en mettant leurs employés à la porte.

Nos régionaleux-protectionnistes se sont réjoui de la promotion de Jacynthe Côté, une « fille de chez nous », à la haute direction de l’entreprise car la région aura ses entrées au CA. Ils s’en sacrent que Jacynthe Côté, chez Rio Tinto Alcan, est dans une position plus importante que chez Alcan « toute seule » car elle pourrait amener d’autres divisions du géant minier ici, mais non, l’objectif est toujours de garder nos acquis, jamais avancer. Et puis nos députés et maires, toujours contents de voyager sur le bras, ont désormais la chance de traverser l’Atlantique pour se rendre aux assemblées d’actionnaires, c’est plus cool se rendre à Londres que se contenter du Reine Élisabeth!

N’oublions pas également que, étant donné l’apport négligeable des Canadiens-français à notre industrialisation, nous n’aurions pas eu grand chose comme source de prospérité si ce n’avait pas été de ces entrepreneurs venus de partout en Amérique.

C’est aussi de la folie pure de penser que, lors qu’elle prenait de l’expansion à l’étranger, Alcan la canadienne n’était pas perçue avec la même étiquette impérialiste que l’on appose à Rio Tinto ou un autre. Pour prendre un exemple connu, que ce soit Alcan ou Alcoa, la construction d’alumineries et des barrages hydroélectriques nécessaires a été immensément controversée en Islande. Sur le bord du Lac Saint-Jean, par contre, on ne comprenait pas que les Islandais refusent de sacrifier leur nature pour la production d’aluminium. Pourtant, ça devrait nous dire quelque chose, dire non à ce qu’une entreprise étrangère s’approprie nos ressources pour s’enrichir.

Quelle belle bande d’hypocrites sommes nous! On ne fait pas aux autres ce qu’on ne veut pas se faire faire. Si on veut que nos Alcan et nos Bombardier deviennent plus que des PME de villages, il faut savoir accepter qu’elles peuvent grandir au point d’être convoitées par d’autres. Ou l’inverse: Bernard Landry et Marc-Urbain Proulx n’ont pas versé beaucoup de larmes quand Alcan a acheté Pechiney et Alusuisse.

À la limite, si des gens sont à plaindre du passage du bleu (Alcan) au rouge (Rio Tinto Alcan), ce sont ces employés qui trouvent le nouveau propriétaire obsédé par la sécurité et qui a mis fin à la politique des yeux fermés, pour acheter la paix syndicale, du précédent. Mais je ne pleurai surement pas pour ces pauvres petits employés qui ne peuvent plus sortir 5 paires de bottes du store, ni amener leur femme manger chez St-Hubert avec le pickup de la compagnie.


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