Archive pour 5 décembre 2010

Motoneiges: Et si on boycottait l’UPA?

La nouvelle a plus ou moins d’attention dans les médias nationaux, par contre la fermeture des sentiers de motoneiges par les agriculteurs afin de protester contre les coupures à la Financière Agricole est sur toutes les tribunes au Saguenay.

Je laisse à d’autres la guerre de chiffres, bien que je sais pertinemment combien coûtera la menace des agricultures à mon industrie. Je suis conscient que je pourrais en faire les frais avant mon départ pour ma nouvelle carrière chez Carnival Cruise Line.

Bien entendu, les agriculteurs québécois sont propriétaires de leurs terres et ils ont les droit de laisser passer qui ils veulent. Sauf que les clubs de motoneiges paient des droits à ces propriétaires. J’en conviens que certains motoneigistes circulent hors des sentiers et causent des dommages, mais bon on nous assure que c’est le gouvernement qui est visé.

Le gouvernement est donc visé pour ne pas verser assez de subventions aux agriculteurs, qui nous martèle que « L’Agriculture, c’est la Vie », ce qui les autorise donc à nous arnaquer sur le prix des aliments, à quémander des millions chaque année mais aussi à nuire au Canada à l’étranger.

Les agriculteurs du Québec misent aussi sur la clientèle captive. Qui se priverait de manger? Leur monopole fait en sorte qu’à moins d’acheter des produits étrangers, impossible de les faire chanter. Et encore ce n’est pas possible pour tout: les produits laitiers importés autre que le fromage sont introuvables et l’absence d’étiquetage rend impossible de tracer l’origine de la viande.

Les gens près de la frontière peuvent acheter aux États-Unis, même si la complicité d’Ottawa dans cette fraude du milieu agricole fait en sorte que les agents frontaliers veillent, mais les autres peuvent aussi faire leur part en faisant le contraire des locavores: Acheter, dans la mesure du possible, un produit étranger.

Surtout que ces hôtels et restaurants qui perdront de l’argent à cause du boycott sont des clients des producteurs agricoles. Et que les motoneigistes paient des taxes qui s’en vont aux producteurs aussi.

Bloquer les sentiers à ceux qui paient les subventions aux agricultures, c’est rire dans la face du monde!

La Norvège vit aussi sous un tel régime qui fait gonfler les prix des aliments. Bien, cette semaine, on disait que le lait est devenu un des produits les plus populaires lors des emplettes en Suède. L’épicerie EuroCash de Svinesund en Suède détient le record de vente de lait dans les deux pays et la moitié se fait à des Norvégiens qui traversent la frontière, plus ou moins régulièrement, pour acheter viande, tabac, alcool et autres denrées moins chères que chez eux. NRK (je cherche présentement le prix d’un litre de lait dans chacun des pays, je reviens!).

Edit:

1 litre de lait en Suède: 6 NOK (1$)
1 litre de lait en Norvège 14 NOK (2.35$)

Texte à envoyer à nos protectionnistes agricoles ASAP

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SAQ vs ÁTVR: Capitalisme d’État versus Paternalisme d’État

Un billet que je voulais écrire dès mon retour d’Islande

Préférant la bière au vin et n’aimant pas le fort, la SAQ n’est pas exactement une de mes fréquentations régulières. Après m’y être rendu aujourd’hui, 4 décembre, je me suis rendu compte que la dernière fois où j’avais mis les pieds dans un magasin d’alcool, c’est en Islande.

Comme je m’étais promis d’écrire sur la différence entre les deux…

Les Québécois aiment bien se penser supérieurs, mais on a encore des croûtes à manger en matière d’alcool, je pense à la politique libertarienne dans le domaine en Allemagne par exemple.

Un regard historique, partant de la fondation de la « Commission des Liqueurs » en 1921, nous permet cependant de bien observer le virage effectué depuis 90 ans.

Ma grand-mère pourrait vous parler de son oncle qui s’est mis riche à vendre de l’alcool fait maison parce que la ville de Port-Alfred interdisait la vente de « boisson » sur son territoire avant 1960. Les plus vieux se rappelleront des années où les magasins de la SAQ n’étaient même pas en libre-service.

Les choix des consommateurs se sont également raffinés, à mesure que la consommation d’alcool perdait son côté négatif.

D’une entreprise qui trouvait sa source dans le paternalisme étatique de l’époque, la SAQ est devenue une entreprise capitaliste dont le but est de faire entrer de l’argent dans les coffres de l’État. À preuve, la Société se vante de faire rapporter des millions au Trésor public, ce qui indique donc que ses prix artificiellement élevés le sont pour maximiser les profits et non empêcher les gens de boire: les heures d’ouverture standard comparé aux commerces d’alimentations, la « belle déco » des magasins et leurs promotions qui incitent les gens à acheter plus, par exemple une bouteille gratuite de X à l’achat des produits A, B et C ou encore, comme j’ai vu cette semaine, 25% de rabais à l’achat de telles bouteilles, limite de 4 par client.

La Norvège, la Suède et la Finlande ont aussi des monopoles d’alcool mais le seul monopole non-canadien que j’ai expérimenté est celui de l’Islande. Du capitalisme d’État, on retourne à une forme plus ou moins douce de paternalisme que les Québécois de mon âge n’ont pas connu.

Car si les Québécois aiment bien rire de l’Ontario où on ne trouve pas de bière hors de la LCBO/Beer Store, au moins la LCBO ouvre pratiquement autant que les épiceries.

Après la prohibition, adoptée et terminée par référendum, l’Islande a nationalisé le marché de l’alcool dans une entreprise qui porte le nom de Áfengis- og tóbaksverslun ríkisins, qui exploite 47 magasins sous la bannière Vínbúðin. Pour vous donner une idée du conservatisme face à l’alcool, l’Islande n’a légalisé la bière qu’en 1989.

Il n’y a qu’une dizaine d’année que les Islandais peuvent se servir eux-mêmes dans ces magasins dont l’ambiance m’a paru plus austère et où la sélection est moins importante que la SAQ (l’ATVR a cependant un service de commande par catalogue/internet qui s’adresse surtout aux « régionaux »).

Les prix, par contre, ressemblent à la SAQ. Les touristes étrangers sont souvent choqués, mais pas vraiment les Canadiens et les Scandinaves, comme j’ai pu constater avec ceux qui voyageaient avec moi. Les Islandais contournent le monopole en « faisant le plein » aux boutiques hors-taxes de l’aéroport de Keflavik au retour d’un voyage.

Des prix qui sont fixés selon la teneur en alcool des produits, de façon à décourager l’achat d’alcool fort. Et quoi de mieux que des heures d’ouvertures limités pour forcer les gens à boire de l’eau? Plus la localité est petite, moins c’est ouvert longtemps, aussi peu qu’une heure par jour en semaine dans les plus petits villages. Parfois fermé le samedi, et jamais ouvert les dimanches et fériés à grandeur du pays tableau. À la campagne, donc, s’ouvrir une bière exige de la planification!

L’austérité se remarque autant par la décoration ordinaire que l’absence de promotion ou d’affichage. L’ATVR refuse également de vendre des produits avec des étiquettes qui attirent l’attention du consommateur. C’est la loi. Parlant de loi, la seule pub de l’ATVR dans les médias est une discrète annonce rappelant qu’il faut avoir 20 ans – et ses cartes – pour y acheter quelque chose.

Même le ministère des finances, propriétaire de l’ATVR, n’attend pas grand chose d’eux. En 2009, il n’avait estimé les dividendes issues des profits de la chaîne à 210 millions de couronnes – pour finir par en recevoir 960 (ici). On est définitivement loin du Québec!

Ce qui ne veut pas dire que l’ATVR n’a pas été mise à contribution afin de renflouer les coffres de l’Islande en crise. Certains produits ont augmenté de 25% d’un coup, et les ventes ont baissé – ça s’est donc retourné contre eux.

Ironiquement, l’un des principaux arguments pro-ATVR n’est pas le paternalisme mais la même chose qu’au Québec: offir une sélection égale partout en Islande. Très ironique parce que l’abolition du monopole rendrait l’alcool plus accessible en Islande, surtout hors de la capitale: nul doute qu’en épicerie, il serait possible d’en acheter du matin au soir et que des commerçants de localités « sèches » en raison de l’absence de succursale offriraient au moins les produits les plus populaires.

Donc, dans le cas de l’Islande, l’argument du capitalisme d’État ne marche pas. Le paternalisme fonctionne mieux, tellement mieux qu’en 2005, 60% des Islandais étaient contre la vente d’alcool par le secteur privé.

Et pour être honnête, sans être d’accord avec ni l’un ni l’autre, je préfère le paternalisme au capitalisme d’État. Moins hypocrite.

2007: Manifestation des Jeunes Libertariens d’Islande contre l’ATVR:


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