Le mois de décembre est souvent synonyme, dans les médias nord-américains, de nombreux reportages sur la pauvreté et comment celle-ci est vécu par les gens touchés.
En Europe, c’est beaucoup moins courant. D’ailleurs, je me rappelle mon étonnement à l’effet que l’Allemagne n’avait pas d’équivalent à la guignolée. Mais c’est vrai que là-bas, la charité est nationalisée et que les journalistes sont un peu moins voyeurs dans ces cas-là.
J’ai trouvé par contre que cette année, les médias islandais avaient frappé fort sur la charité. C’est à se demander si ils ne sont pas branchés en direct sur l’entrepôt des banques alimentaires de Reykjavik tellement on nous fait part souvent du nombre de personnes qui sollicitent leur aide. Qui plus est, à l’approche de Noël, on manque de dons alors un effort a été fait pour demander plus d’argent (non, pas de vieilles conserves pour les pauvres Islandais!).
Islandsbanki a ramassé 10 millions de couronnes dans ses succursales en deux semaines, c’est le plus grand don en argent jamais remis à un organisme de charité en Islande.
Mais bon, je m’égare…
Mercredi le 15, Stöd 2 présente un reportage sur Freyja Dís Númadóttir (ici). On la présente comme une mère monoparentale de 3 enfants, déclarée invalide et qui explique ne pas être capable d’arriver, au point où elle doit solliciter de l’aide alimentaire pour les fêtes. Freyja déclare recevoir 388000 kr en pension d’invalidité, en plus de différentes allocations pour ses enfants, finalement elle dispose de 596000 kr par mois.
Sauf que, au lieu de la prendre en pitié, la journaliste sort un paquet de chiffres sortis de l’institut de la statistique de l’Islande. Elle note qu’un certain syndicat exige un salaire minimum de 200000 kr, que le salaire moyen en Islande est de 334000 kr par mois et que 75% des Islandais gagnent moins de 383000 kr, ce qui donne 267000 kr net. Même un député islandais, à 520000 par mois, aurait moins d’argent que la madame.
Après s’être fait dire quelle s’est déjà endettée par des « prêts SMS » (donc du crédit style shy-lock), la journaliste lui fait même avouer que Freyja est responsable de son propre malheur.
Jeudi, l’association des handicapés d’Islande s’était plainte des « préjugés véhiculés sur les invalides » à l’association des journalistes d’Islande (Ici). S’en suivi une sortie du député du Parti de l’Indépendance Pétur Blöndal sur la trop grande générosité de l’État-providence islandais. Interrogé, le directeur de la sécurité sociale islandaise a rejeté l’idée qu’il faille couper les allocations versées afin que personne ne reçoive plus que les travailleurs.
Sans trop de surprise, l’affaire s’est transportée sur Facebook et le site « Flick My Life », un site de Fail islandais, met en lumière certains côtés de Freyja qu’on n’a pas vu à la télé. Ainsi, madame se consacrerait à temps plein à son entreprise internet, n’hésiterait pas à arroser ses soirées avec ses amies et serait fiancée et non célibataire.
Je pense qu’elle va regretter d’être passée à la télé…