Je l’avoue, je suis de ceux qui trouvent le programme de Québec Solidaire extrémiste. Mais nos démocrates socialistes du Plateau sont bien inoffensifs quand on regarde ce qui se passe au grand meeting international de la gauche révolutionnaire: la Conférence Rosa-Luxemburg (site), qui se tient le 2ième samedi de janvier à Berlin.
Organisée par le journal marxiste Junge Welt et commanditée par des groupes d’extrême-gauche et Cuba, la conférence rassemble la crème de la crème du communisme international: 2000 personnes d’un peu partout (y compris des syndicats de fonctionnaires!). Vraiment, c’est un retour aux années 60.
Comme chaque année, l’attention des médias a été sur la participation de la cheffe du parti Die Linke, Gesine Lötzsch. Participation qui est non seulement critiquée à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du parti. Chef de l’aile parlementaire Linke au Bundestag, Gregor Gysi a rappelé à sa collègue qu’il faut faire attention avec le terme communisme puisque celui-ci est associé à des gens comme Staline et Mao.
Deux aspects de la participation de Gesine Lötzsch ont été vertement critiqués. D’abord ses déclarations, dans le Junge Welt, sur le chemin à faire pour atteindre le stade du communisme. Ensuite sa présence à une séance plénière sur la dite route vers le communisme en compagnie de personnes éminemment fréquentables: Inge Viette, ex-terroriste de la Rote Arme Faktion, et Bettina Jürgensen, chef du Deutsche Kommunistische Partei (DKP). Une syndicaliste de Deutsche Bahn et une « Antifa » complétaient le panel de la discussion intitulée « Réformisme de gauche ou stratégie révolutionnaire: sortir du capitalisme ».
Ainsi, Gesine Lötzsch a beau démentir son affiliation communiste aux médias, lui préférant le credo « démocrate socialiste », ses fréquentations la mette dans de beaux draps. La CSU réclame que Die Linke soit surveillé par les services secrets (Verfassungsschutz), les déclarations de la députée de Berlin-Lichtenberg étant, selon un député CSU, anti-constitutionnelles. Le SPD exige des explications.
Il faut dire que, selon Der Spiegel (article), on n’est pas dans un assemblée étudiante de Cégep. La FDJ, ancienne jeunesse communiste de RDA, affirme continuer le combat « contre l’annexion de la RDA ». Le DKP légitimise le Mur de Berlin par le besoin d’empêcher les services d’espionnages occidentaux de déstabiliser la RDA. Un peu partout, des discussions se tiennent sur Lénine, Staline et leur héritage… On dénonce l’impérialisme de l’Allemagne réunifiée, des États-Unis, de l’Union Européenne… J’allais oublier le spectacle de solidarité envers les « Cuban Five », les Dames en Blanc de La Havane attendront!
Le programme de la journée mentionne même, le plus sérieusement du monde, la mort semée par le néo-libéralisme. J’aimerais bien savoir qui, du libéralisme ou du communisme, a le plus tué dans cette ville.
En attendant, on espère qu’ils auront au moins une once de respect pour la démocratie libérale qui les laisse organiser de telles conférences. Parce qu’en 1981, jamais la RDA n’aurait permis à des « néo-libéraux » de se rassembler comme ça!
EDIT: Gesine Lötzsche a finalement annulé sa participation au podium. Et des militants de gauche en sont venus au coup lors d’un manifestation de l’association des victimes du stalinisme (VOS) devant le lieu de la conférence, Urania-Haus (Schöneberg).