Archive pour 18 janvier 2011

Maria Amelie: Mieux vaut être sexy quand on est illégal

Madina Salamova, 25 ans, vit illégalement en Norvège depuis 2002. Arrivée de Russie avec ses parents, elle travaille (au noir), a obtenu une maîtrise, parle le norvégien… Bref, une citoyenne exemplaire, si ce n’est la question de ses papiers.

Sous le pseudonyme de Maria Amelie, elle publie récemment le livre « Ulovlig Norsk » (Illégalement Norvégienne) sur sa vie semi-clandestine. Connaissant un certain succès littéraire, elle décide d’accepter des invitations d’en parler publiquement.

C’est ainsi que 8 policiers l’ont arrêté à Lillehammer la semaine dernière, ironiquement dans une école nommé d’après Fritjof Nansen. Depuis, comme on dit, tout le monde en parle.

Les médias norvégiens ont publié 547 articles sur son cas, pour le plupart sympathiques à son endroit. Trygve Hegnar, du journal Kapital, s’en est pris à la sympathie exprimée par les médias, une « récompense envers ceux qui me respectent pas les lois », en particulière NRK et Dagbladet.

Parallèlement, manifestations et pétitions se mettent en branle pour lui éviter de retourner en Russie. On lui a offert des emplois. Les partis politiques s’en donnent à coeur joie, y compris le FrP, dont la position doit en surprendre plus d’un à gauche: avant d’expulser quelqu’un comme elle, il y a des tonnes d’autres – notamment Mullah Krekar (wiki) – qui devraient lever les pattes. Chez les autres partis, on hésite. Les Conservateur refusent de voir le gouvernement politiser la commission du statut de réfugié, ce qui arriverait si le gouvernement forcerait la main des fonctionnaires pour lui permettre de rester en Norvège.

Il y a là le risque d’un dangereux précédent. Sous le charme de Maria Amelie, si le ministère de la justice lui permet de rester, il devra régulariser la situation de milliers de clandestins. Des gens qui sont peut-être moins recommendables qu’elles, et aussi, c’est « chien » pour ceux qui arrivent par le « vrai chemin », un procédé long et ardu. Sans oublier ceux qui se dépêchent de se marier et des enfants qu’on a, parmi lesquels beaucoup de citoyens de ce qu’on appelle sarcastiquement, entre expatriés en Europe, les « 4 rejets »: Canada, USA, Australie, Nouvelle-Zélande…ceux à qui on met le plus de bâtons dans les roues!

Finalement, tout est une question d’être photogénique!

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UE: bientôt la libre-circulation des patients d’hôpitaux

Le parlement européen adoptera demain une nouvelle liberté pour les citoyens des 27: celle de se faire soigner dans le pays de leur choix, au frais du système d’assurance-maladie de leur pays, et ce sans obtenir d’autorisation préalable des autorités médicales où ils vivent.

À leur actuelle, la transférabilité de la couverture médicale n’est garantie que pour les soins d’urgence. Et dans les cas où, comme au Danemark, les autorités envoient des malades à l’étranger lorsque les listes d’attente sont trop longues.

Parlant du Danemark, celui-ci s’y oppose principalement pour deux raisons: l’absence d’obligation de consulter un médecin danois avant d’aller ailleurs, et que la libre-circulation ne soit pas liée à l’engorgement des systèmes de santé nationaux. Ce qui, à mon avis, n’est pas étranger au fait que le Danemark peine souvent à soigner les patients dans des délais raisonnables – on aurait donc peur que trop de gens aillent à l’étranger!

La directive ne prévoit que 4 raisons de refus:

– Si le transport vers l’hôpital étranger ne peut-être assuré
– Le patient est contagieux
– Le patient désire un traitement non-reconnu/remboursé par son pays
– Les autorités médicales peuvent garantir que le patient sera soigné dans des délais raisonnables dans son pays.

La dernière clause étant très vague, on espère que les médecins n’en abuseront pas trop!

DR

La haine acceptable

Primeurs, le guide Super Écran, fait du Patrick Lagacé dans son numéro de février: si la gauche souhaite la mort d’une personne de droite, c’est pleinement acceptable.

L'équipe du magazine Super �cran souhaite tirer Bristo... on Twitpic

Mais si la droite utilise des métaphores violentes, alors elle appelle au massacre…

Krach – Mensonges radio-canadiens sur l’Islande (1ière partie)

Au cours des 4 prochaines semaines, je suivrai la série Krach sur la crise économique mondiale. On en a déjà discuté abondamment sur les réseaux sociaux: Radio-Canada ira d’une interprétation gauchiste de la crise, mettant la faute sur tout sauf l’État.

En tant qu’expert auto-proclamé de l’Islande au Québec (pardonnez ce manque de modestie, je n’ai pas de preuve du contraire :P), j’ai choisi de me concentrer sur tout ce qui la concernera dans la série.

Pour le résumé exhaustif de l’épisode, consultez le texte de Yan Power.

En quelques mots, Jean-François Lépine accuse Davíð Oddsson de tous les maux. Au cours de ses 13 années au pouvoir, il aurait détruit la social-démocratie islandaise, « privatisé son île ».

Commençons par le début: Qui est David Oddsson.

Né le 17 janvier 1948 à Reykjavik, David Oddsson est diplômé en droit mais a surtout fait carrière dans le domaine des médias comme scénariste, directeur de théâtre et commentateur politique. Entré au Parti de l’Indépendance, il est élu au conseil municipal de Reykjavik en 1974 et est maire de la capitale islandaise de 1982 jusqu’à son arrivée à la tête du gouvernement en 1991.

Tout en militant au Parti de l’Indépendance (conservateur), David Oddsson s’initie au libertarianisme et publie, avec des amis (notamment: Þorsteinn Pálsson, Geir H. Haarde, Jón Steinar Gunnlaugsson, Kjartan Gunnarsson, Magnús Gunnarsson, Brynjólfur Bjarnason et Hannes Hólmsteinn Gissurarson) la revue Eimreiðin de 1972 à 1976. Le magazine constitue la plateforme libertarienne islandaise, on y traduit des textes de Milton Friedman, Hayek. Le groupe produit également une série radiophonique sur ce courant de pensée, émission très contestée par le quotidien de gauche Þjóðviljinn (où écrivaient notamment Egill Helgason et Olafur Ragnar Grimsson, respectivement le journaliste interviewé dans Krach et le président actuel).

Élu maire de Reykjavik, David Oddsson fait passer le nombre de conseillers de 21 à 15. La municipalité se retire du secteur des pêcheries, évènement connu comme étant le début de ce que la SRC a appelé la « privatisation de l’île ». Mais David Oddsson s’occupe également du développement du quartier Grafarvogur (industries), de l’aménagement du « parc nature » de l’ile de Videy. En 1987, on construit Kringlan, le premier centre d’achats d’Islande. David Oddsson fera construire un vrai hôtel de ville à Reykjavik et son penchant pour le théâtre le pousse à en créer un…. Tout un libertarien!

Chef du Parti de l’Indépendance en 1989, David Oddsson remporte les élections législatives en 1991. Lors de son premier mandat, il forme une coalition avec les sociaux-démocrates. La gauche est donc partie prenante de son projet de désendetter l’Islande, d’abolir certaines taxes et de diminuer l’impôt des entreprises de 50 à 30%. Tout comme elle a dit oui à la réforme des quotas de pêche, malgré sa préférence pour des redevances plus élevées. La gauche refuse cependant de donner son accord à la privatisation des banques.

La division de la gauche aux élections de 1994 amène les centristes du Parti du Progrès à devenir le partenaire junior du Parti de l’Indépendance. Ce gouvernement sera réélu en 1999 et en 2003, comme quoi il devait surement faire quelque chose de correct. C’est pendant ces années que l’économie islandaise sera la plus libéralisée et que l’État privatise plusieurs entreprises (rapport) dans des secteurs tels que les banques, la téléphonie, la chimie, la construction, etc. Mais il n’est pas vrai que l’Islande démantèle l’État-providence, comme le prétend Radio-Canada. On ne touche pas au système de santé public, l’éducation demeure gratuite jusqu’à l’université et la baisse de la pauvreté chez les aînés laisse croire à une majoration des pensions.

À mon avis, la vraie mesure de la taille d’un État est son niveau de taxation. Car plus il intervient, plus il a besoin d’argent pour fonctionner… Et c’est là que, malgré tout ce que les médias racontent depuis près de 3 ans, l’État minimal de David Oddsson n’était probablement qu’un rêve…

De 1985 à 2005, la taxation moyenne en Islande est passée de 31% à 41%. Des membres de l’OCDE, seule la Turquie a fait pire (ici). En 2006, les Islandais célibataires et sans enfants payaient plus d’impôts que les Canadiens et les Américains, tandis que la taxation indirecte y était parmi les plus élevées de l’OCDE (ici).

Pour les gauchistes obsédés par le coefficient GINI et ses dérivés, on observe que l’Islande demeure plus égalitaire et moins pauvre que la moyenne européenne « malgré » le soi-disant « néo-libéralisme » (tableau). Position confirmée par ce que je peux comprendre de cette thèse de doctorat.

Dans cet autre document, on apprend deux choses. En page 7, on voit clairement que le fardeau fiscal des Islandais n’a pas diminué, le municipal ayant récupéré l’espace laissé par les baisses d’impôts « centraux ». La page 11 indique bien que tous les Islandais payaient plus d’impôts en 2004 qu’en 1994, malgré dix ans de néo-libéralisme et d’État minimal! Et comme c’est un document produit par le syndicat des fonctionnaires BSRB, n’imaginez pas que les données sont truquées vers la droite… Notez aussi que le même tableau, mais pris en page 47 de ce rapport, indique que des impôts spéciaux ont été perçus, par dessus tout le reste, de 1993 à 2005.

L’État a profité des hausses du revenu des Islandais, en taxant davantage, comme quoi il a empoché en libéralisant l’économie. De 1985 à 2007, le montant perçu en taxes passe de 28% à 35.8% et des tarifs de 29.6% à 31.7% du PIB. Le monde municipal, en taxes et tarifs, augmente son appétit de 6% dans les deux cas.

En 2005, le pourcentage de l’impôt des particuliers dans les finances de l’État islandais était de 10% plus élevé que la moyenne de l’OCDE. Quant à la fameuse « flat tax » que l’Islande a implanté, son taux de 35% était beaucoup plus élevé que ceux des autres juridictions ayant opté pour la même politique. Ailleurs, on voit qu’un Islandais payait même plus d’impôt qu’un…Norvégien!

Cependant, il est vrai qu’il valait mieux être l’ami de David Oddsson si on voulait profiter de la manne. Vrai aussi que David Oddsson a utilisé l’État pour parvenir à ses fins, je pense à la loi sur les médias en 2004, pensée pour briser l’empire de Jón Ásgeir Jóhannesson avec lequel il s’était brouillé… Et que s’il s’est ramassé gouverneur de la Banque Centrale d’Islande, c’est parce qu’il s’est indirectement nommé lui-même. Mais l’Islande est tellement petite, tout le monde finit par se connaître.

Mais les archives des médias islandais nous rappellent que la gauche, qui aime bien clamer son innocence dans ce dossier, était bien que trop contente pour oser dénoncer (surtout les sociaux-démocrates, partenaires minoritaires du Parti de l’Indépendance après les élections de 2007). Le président, que l’on voit ici débattre avec Milton Friedman en 1984, était très heureux de recevoir ces hommes d’affaires et les encenser sur la place publique. Tous les Islandais étaient fiers de ces « útrásarvíkingar », comme on surnommait les banquiers.

Les médias québécois devraient aussi se garder une petite gêne avant de faire la leçon aux Islandais sur la collusion et le népotisme. Surtout que les Islandais ont vu plus de suspects menottés que les Québécois…

Et pourquoi avoir « doublé en canne » le professeur qui parlait islandais mais sous-titré l’anglais? Je sais bien que, pour tout le monde sauf moi, l’islandais ce n’est pas sexy mais bon…

Je termine ici aujourd’hui. Chacun des billets ne concernera que ce qui a été dit dans l’épisode


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