Le ministre allemand de la défense Karl Theodor zu Guttenberg (CSU) n’en démord pas: Berlin fait trop peu pour honorer la mémoire du 40ième président des USA, dont on aurait célébré le 100ième anniversaire cette semaine. Lundi, il est revenu sur la question d’un mémorial dans la capitale, à l’occasion d’une cérémonie organisée l’honneur de Reagan à l’ancienne prison de la Stasi dans le quartier Hohenschönhausen. Même Angela Merkel s’est invitée dans le dossier, jugeant qu’une plaque sur la Pariser Platz, devant la Porte de Brandebourg, serait tout à fait appropriée.
Récemment, les autorités municipales ont demandé aux 12 arrondissements de soumettre des rues/places à renommer. Charlottenburg-Wilmersdorf a été le seul à répondre positivement, le caucus de la CDU à l’assemblée d’arrondissement proposant Joachimstaler Platz (le triangle à l’intersection). Autrement, dit le Tagesschau, personne n’en veut.
Ici et là, on lit dans les médias que le Sénat considère que Reagan a assez d’honneurs berlinois. Citoyen d’honneur de la ville, il a son portrait à l’hôtel de ville et à la chambre des députés. La nouvelle station de métro Brandenburger Tor comporte une grande photo où on le voir lors de son discours du 12 juin 1987.
Il est évident que l’affaire trempe dans la partisanerie jusqu’au cou: CDU et FDP sont pour, les Verts et Linke totalement contre, le SPD attend.
Partenaire du Linke au Sénat, fort probable que le SPD se fait discret pour ne pas mettre la chicane dans la coalition à l’heure où on se prépare pour les élections de septembre. Mais aussi, nul doute que de nombreuses personnes actives au sein du SPD Berlin ne sont pas confortables avec l’idée.
Le 24 décembre dernier, le Berliner Zeitung faisait état d’une très faible envie d’honorer l’ancien président. Dans les années 1980, il était honni à gauche, des deux côtés du Mur, et la capitale allemande n’a jamais manqué de gauchistes pour faire pencher la balance. Lors de sa visite de juin 1987, contestée par la RDA, plusieurs manifestations anti-Reagan avaient eu lieu à Berlin-Ouest… et y participaient certains élus actuels, notamment des membres du caucus vert.
Ronald Reagan, républicain, ne jouit donc pas du même capital de sympathie auprès des Berlinois que John F. Kennedy, démocrate, ou encore l’activiste étudiant Rudy Dutschke (qui avait tout d’un terroriste d’extrême-gauche), dont les hauts cris de la droite n’ont pas empêché d’être honoré d’une rue dans l’arrondissement Friedrichshain-Kreuzberg.
Et si on parle d’idéologie, on se doit d’observer les choses bien au-delà des simples étiquettes de partis. À lire les commentaires publiés dans la presse berlinoise, Ronald Reagan n’est pas aussi méritant que JFK car il n’a rien dit d’original en exigeant que le Mur soit ouvert. Sans oublier l’histoire « officielle »: c’est Gorbatchev qui a mis fin à la Guerre Froide avec la glasnost et la perestroïka. En installant des missiles sur le sol ouest-allemand pour réplique à l’armement soviétique présent en RDA, c’est Reagan qui passe pour le guerrier…
Au moins, ces deux thèses sont conséquentes. Tant qu’à encenser un président dont la faiblesse a causé la division de la ville par un Mur pendant 28 ans, aussi bien penser que le régime soviétique s’est ouvert comme ça, tout seul, sans aucune pression extérieure…
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