Le référendum berlinois sur les contrats de répartition des profits de l’eau a quelque chose de surréaliste au Québec et même ailleurs au Canada: Payer l’eau au mètre cube, WTF???
Une famille québécoise moyenne consommerait 400 litres d’eau potable par jour. À Berlin, on parle de 112 litres (déjà vu 115), une baisse de 32% depuis 1990.
À Berlin, comme c’est la norme en Europe, on paie l’entrant et le sortant. En Allemagne, l’eau se vend plus cher à l’Est qu’à l’Ouest parce que les réseaux d’aqueduc exigent plus d’investissements et la population moins importante. Dans la capitale fédérale, le mètre cube d’eau se vend 5.12€, une hausse de 35% depuis 10 ans.
À l’époque, la privatisation partielle de la Berliner Wasserbetriebe avait été présentée aux citoyens comme un excellent moyen de faire de l’argent tout en partageant les coûts reliés à l’entretien du système. Or, la révélations des contrats par le Sénat a démontré que, depuis 1999, malgré l’actionnariat majoritaire (50.1%), la ville n’a empoché que 696 millions € en profit sur la vente d’eau contre 1.3 milliards € pour le consortium RWE/Veolia.
Évidemment, c’est ce qu’on appelle se faire avoir. Et, à la lumière de cela, je pense qu’il est compréhensible que de nombreux Berlinois jugent que l’eau potable doive revenir entièrement entre les mains de la municipalité.
Ce serait, disent-ils, la seule manière d’avoir de l’eau « à nous », vendue à un prix abordable.
Der Spiegel s’est rendu à Potsdam, où la municipalité a repris le contrôle total de l’approvisionnement en eau après que les citoyens se soient mobilisés contre une privatisation partielle qui avait fait monté les tarifs.
Or, nous dit Fabian Reinbold, la situation à Potsdam est bien pire qu’avant: le mètre cube est vendu 5.97€, soit le plus cher parmi les grandes villes allemandes!
Pourquoi? Parce que le retour de l’eau potable dans le giron municipal n’a pas signifié plus de transparence dans l’administration. Energie und Wasser Potsdam (EWP), vue comme une vache à lait, voit ses profits redistribués partout dans les services offerts par la ville de Potsdam, dont le transport en commun (ViP). À Potsdam, l’argent issu de la vente d’eau potable sert à combler les déficits de tous les services municipaux…Ouvrir le robinet dans cette ville, c’est subventionner un tonne de choses. L’expression « faire de l’argent comme de l’eau », ça doit venir de là.
À cela s’ajoute tout l’argent engagé dans le bris du contrat avec la firme Eurawasser. Potsdam n’a jamais voulu rendre public le montant, en millions, qu’on lui a versé comme dédommagement. De l’argent que la ville n’avait pas, donc des dettes à rembourser sur 20 à 30 ans.
Les activistes berlinois ont beau avoir peur d’un « scénario à la Potsdam », il reste que l’Allemagne n’est pas le Vénézuela d’Hugo Chavez: il faudra dédommager les investisseurs que l’on désire exclure de la capitalisation de la Berliner Wasserbetriebe. Ça ne sera pas gratuit!
Un bel exemple de « Be Careful What You Wish For ». Surtout que, si on écoute ces gauchistes pour qui l’État n’a pas jamais assez d’argent, on peut présumer qu’ils ne monteront pas aux barricades si c’est la Ville de Berlin qui se sert de l’eau pour remplir ses coffres comme le fait la voisine.
Ceci dit, je leur lève mon chapeau pour une chose: PERSONNE N’A PAS PARLÉ DE GRATUITÉ!
Tagesspiegel
Berliner Morgenpost
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