Cette semaine, Cyberpresse Affaires avait quelques textes intéressants sur le modèle scandinave en matière de retraite: Suède, Suède, Suède, Norvège, Norvège, Norvège. Je n’envisage pas d’en passer chacun au peigne fin, étant factuellement corrects à la mesure de ma propre connaissance du dossier, mais je m’objecte aux sous-entendus faits par Cyberpresse.
J’en veux d’abord à l’éditorial d’Ariane Krol sur le sujet. Je parle de ceci:
La réforme suédoise s’est faite à la faveur d’une crise aigüe, lorsqu’il est apparu évident que le système en place n’était plus viable. Ici, on commence à peine à parler de la fragilité de la RRQ et de l’appauvrissement qui guette les futurs retraités. Le constat est documenté, mais il est loin d’être partagé par la population.
Je trouve scandaleux d’insinuer, à mots à peine couverts, que le Québec peut continuer à vaquer à ses occupations et remettre à plus tard l’examen de la situation financière de son régime de retraite collectif. Comme s’il fallait attendre d’être rendu au bord du gouffre pour penser à une solution.
Toutes les réformes entreprises en Suède viennent d’un constat: un rapport de l’OCDE, en 1994, qui disait que si la Suède continuait sans changer, la dette atteindrait 128% du PIB en 2000. Au Québec, malgré les rapports alarmants, nos « élites » politiques continuent de se chicaner, à savoir si la dette est « bonne » ou « mauvaise ».
Plus on repousse le traitement, plus il sera douloureux. Une chose qu’Ariane Krol, comme de nombreux Québécois, semble s’obstiner à ne pas voir.
Autre signe des temps, bien qu’ayant exposé tous les faits, l’équipe de La Presse n’est pas sortie de sa zone de confort quand est venu le moment d’analyser: on a trouvé savoureux de voir que les employeurs norvégiens ont, de leur propre initiative, instauré les fonds de pension obligatoires (analyse de derteil: culture scandinave de la responsabilité). Et on semble étonné que la Norvège n’ait pas choisi de gaspiller l’argent du pétrole comme le ferait, on s’en doute, le Québec!
Je devrais d’ailleurs revenir sur ce thème des ressources naturelles, à la lumière des discussions sur le gaz de schiste…