La chanteuse d’opéra norvégienne Mari Eriksmoen est la lauréate 2011 de la bourse Statoil pour le talent en musique classique. 1 million de couronnes norvégiennes, ce n’est pas des peanuts, c’est 178000$.
Statoil appuie financièrement la scène musicale norvégienne depuis de nombreuses années par des bourses aux artistes ou en commanditant des évènements. Un rôle qui, finalement, ressemble à ce que nos Hydro/Loto/SAQ font chez nous.
Sauf que Statoil n’a pas la chance d’être dans une industrie aussi noble que la vente de loterie ou d’alcool, elle est plutôt dans le pétrole. Ainsi, son action en culture est controversée. Maja Ratkje considère que Statoil utilise les arts pour embellir son image ternie par ses investissements dans les sables bitumineux de l’Alberta (Dagsavisen).
Dans d’autres cas, on a refusé l’argent de Statoil pour protester contre l’exploration pétrolières à Lofoten (btw, ce groupe avait été âprement critiqué pour avoir chanté à un rassemblement du FrP, le diable politique). Mais en règle générale, la seule raison d’être de Statoil, l’industrie pétrolière, suffit à faire fuir: Ici, le Dagsavisen rappelle que plusieurs artistes refusent de se produire au festival Bylarm en raison du commanditaire principal.
Remarquez que c’est leur droit et ses gens assument les conséquences de leurs gestes, il est vrai.
Néanmoins, il s’agit d’une grande marque d’hypocrisie. Avant le pétrole, la Norvège était un pays de pêcheurs et d’agriculteurs. Elle doit sa prospérité à l’or noir, à qui on a même donné un coeur et une vertu en la nationalisant (quoique que personne en Norvège n’ose utiliser le terme « éthique »). Chaque seconde de leur vie, les Norvégiens bénéficient de la richesse apportée par le pétrole (par contre, j’en ai souvent parlé, la Norvège ne gaspille pas cet argent).
Ça ressemble à nos bons politiciens québécois qui aiment cracher sur le pétrole albertain mais qui ne se passeraient pas du chèque de péréquation qui tient le Québec à flot!
Mais si les artistes norvégiens savent dire « nei » à Statoil, verrait-on Roy Dupuis refuser quelque chose financé par Hydro-Québec en raison de son combat contre les barrages hydroélectriques?