Je l’avoue, je me suis toujours bien marré de ces histoires concernant les grands espaces canadiens. L’explication serait probablement que je ne suis jamais sorti des zones habitées. Parallèlement, je suis tout aussi désintéressé quand on me parle sur comment les Européens vivent collés. Très vite, je rappelle à mes interlocuteurs que 1000 km séparent Paris de la Côte d’Azur, qu’il faut des heures pour traverser l’Allemagne et qu’au départ de Copenhague, on roule 500 km avant d’atteindre la pointe nord du Danemark.
En 2007, j’ai pris le train de Paris vers Montluçon pour assister au mariage de mes amis dans le département de l’Allier…. 3 heures dans le bois! À me descente, je me suis exclamé « Veux-tu bien me dire pourquoi les Français viennent au Québec pour aller dans le bois? »
C’est en Islande que la notion de « territoire vide » s’est vraiment ancrée dans moi. 320000 personnes vivent sur 103000 km2 et une fois qu’on enlève le sud-ouest du pays, Akureyri et l’archipel de Vestmannaeyjar, il reste moins 100000 personnes sur un territoire immense. Rouler 2-300 km et ne rencontrer qu’une dizaine de véhicules, voir des fermes où le plus proche voisin est à des dizaines de kilomètres, voilà.
La fermière de Moðrudalur nous expliquait que le voisin est à 37 km, l’épicerie 60 et la ville 104. Helga, notre guide, disait que pour vivre dans ces coins reculés de l’est du pays, il faut avoir un congélateur bien rempli et être prêt à tout, y compris éteindre l’incendie de sa maison. La scolarité des gens est basse, les jeunes n’ayant pas toujours les moyens de continuer leurs études s’ils doivent habiter en ville… Au primaire, les enfants doivent tellement parcourir de kilomètres en autobus qu’ils ont des horaires de cours spéciaux.
Tout ça pour en venir à un sujet d’actualité de ce mardi: les salles d’accouchement en Islande rurale. Dans 7 régions du pays, les mamans doivent parcourir plus de 75 km pour donner naissance à leur enfant, la palme revient aux résidentes de Þórshöfn á Langanesi – 250 km pour se rendre à l’hôpital d’Akureyri. Un trajet long mais aussi impensable par mauvais temps, et en Islande c’est plus la norme qu’autre chose (exemple).
Pourquoi on en parle? C’est que l’Islande a besoin d’argent et les services de santé en région rurale sont dans la ligne de mire. Or, c’est un roue qui tourne, par prévoyance, les femmes se rendent en ville au lieu d’avoir à parcourir de si grandes distances. Donc, les salles d’accouchement des dispensaires des plus petites communautés en viennent à ne plus être utilisées: on ne recense aucune naissance à Egilsstaðir depuis 2002, à Húsavík depuis 2007 et à Patreksfjorður depuis 2004. Et même dans les plus grandes, compte tenu de la baisse de la fécondité, on observe une baisse des accouchements.
Le dilemme est donc prévisible. D’un point de vue comptable, logique de fermer des installations qui ne sont pas utilisées. Mais la population locale y tient tout de même, le service devant exister pour des situations d’urgence telle une naissance prématurée.
J’avoue ne pas être 100% certain que la situation ne se produit pas au Canada mais la prochaine fois qu’on m’en parler, je saurai quoi répliquer… 😀
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