Le Fréttabladid a obtenu les messages concernant l’ambassade américaine à Reykjavik. Comme partout ailleurs, on n’apprend rien de très significatif mais il y a néanmoins quelque chose d’intéressant: jusqu’à maintenant, ce sont les seuls messages qui parlent réellement de la présidence de Bush plutôt que de l’administration Obama.
Les messages, publiés sur Visir.is et dans le journal, ont deux thèmes principaux: la fermeture de la base militaire de Keflavik en 2006 et la crise financière à l’automne 2008.
Explorons.
Ragna était une haut-fonctionnaire sérieuse dans les négociations avec les USA sur la défense de l’Islande.
Des militants du Parti de l’Indépendance ont indiqué aux diplomates américains que le cancer de Geir H. Haarde pouvait expliquer son comportement étrange.
Les USA se sont inquiétés de l’intérêt de la Russie à aider financièrement l’Islande en octobre 2008, qui aurait pu avoir des conséquences sur l’OTAN. À l’époque, Washington a cherché d’autres moyens après le refus de la Réserve Fédérale de backer la couronne islandaise.
Une aile du Parti de l’Indépendance ont affirmé que l’anti-américanisme de Geir H. Haarde a causé la fermeture de la base de Keflavik. Si David Oddsson avait encore été PM, la base n’aurait pas fermé.
L’an dernier, Johanna Sigurdardottir a menacé de démissionner si VG ne l’appuyait pas dans l’accord Icesave. Fait à noter, l’info a été confiée à l’ambassadeur britannique par Össur Skarphredisson, qui l’a ensuite passé à Washington.
Constatant l’apathie du gouvernement devant la crise de 2008, les États-Unis ont spéculé que le cancer d’Ingibjörg Solrun Gisladottir était plus grave qu’admis en public. Ils sont aussi demandé comment le pays pourrait traverser une crise si grave avec deux politiciens malades. L’ambassadrice soupçonnait aussi que le gouvernement ne voulait pas entrer en conflit ouvert avec la banque centrale d’Islande.
Carol Van Voorn était certaine que David Oddsson n’avait aucune idée dans quoi il s’était embarqué et l’étendue des problèmes qu’il avait causé au système financier islandais.
Bjarni Benediktsson a demandé une rencontre à la Maison Blanche et souhaitait que les Américains paient.
En 2005, celui qui est aujourd’hui chef de police à Reykjavik, a confié à l’ambassade que le ministre de la justice était incapable de sentir le directeur de la garde-côtière, même s’il l’avait personnellement nommé!
On voulait envoyer envoyer des prisonniers de Guantanamo en Islande en 2007. Chose que la loi islandaise ne permettait pas.
Dans une conversation avec l’ambassade américaine, Bjarni Benediktsson préférait une solution judiciaire à l’impasse avec Londres et La Haye concernant Icesave.
Les États-Unis ont forcé l’Islande à reconnaitre l’indépendance du Kosovo en échange du support pour sa candidature au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Dans un briefing avant une rencontre avec Condie, Ingibjörg Solrun Gisladottir est décrite comme ayant des opinions tranchées, facile à faire des compromis et…souvent les mains croisées au début d’une réunion!
Un message de 2008 parle de la montée de la xénophobie en Islande.
En 2006, le gouvernement islandais a proposé une privatisation partielle de la Garde Côtière.
Le départ d’Halldor Asgrimsson améliorerait les relations avec Washington.
Le gouvernement islandais était furieux de la fermeture de la base américaine parce que ça signifiait payer pour leur sécurité.
Selon les USA, l’Union Européenne fait exprès de donner jusqu’au 16 novembre 2009 à l’Islande pour remplir la demande d’adhésion afin de ne pas l’étudier à son sommet de décembre.
L’ambassadrice américaine trouvait l’Islande « gratte-cenne » dans la reconstruction de l’Iraq après le départ de l’armée de Keflavik. En échange d’argent de l’Islande, elle suggère que les USA l’aident à accéder au Conseil de Sécurité de l’ONU.
L’arrivée de Steimgrimur J. Sigfusson au gouvernement a surpris les diplomates américains. Ceux-ci l’ont qualifié de sérieux et responsable, même s’il a blâmé la crise sur les excès du capitalisme. Dans ce même message, on rappelle que le gouvernement britannique décrivait les négociations sur Icesave en termes beaucoup moins optimistes que Reykjavik.
Sans trop de surprise, on apprend que la Chine et la Russie font de l’espionnage industriel en Islande.
David Oddsson aurait nui à l’avenir politique de Bjarni Benediktsson. Ce message nous apprend également que le gouvernement américain voyait David Oddsson comme un homme voulait sauver sa réputation et non son pays de la crise, et estimait que le copinage entre Oddsson et Geir H. Haarde empêchait des actions de sauvetage plus rapides.
Devant l’imminence de son effondrement, Landsbankinn a demandé une aide financière au gouvernement américain. 31% des dettes de la banque étaient auprès de créanciers américains et canadiens. Je ne serais donc pas surpris qu’Ottawa ait reçu la même demande. Aucune mention dans le message, mais on peut fortement présumer que les contribuables canadiens ont failli aider Landsbankinn – j’imagine tellement le Bloc Québécois déchirer sa chemise là-dessus! LOL
Voilà. Je savais que ça valait la peine de faire l’exercice de traduire les messages traduits dans le journal: je viens de vous apprendre qu’on a probablement sauvé des millions 🙂