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Les amis islandais de Martha Stewart

C’est une grosse nouvelle en Islande ce mercredi: Dorrit Moussaief, épouse du président Ólafur Ragnar Grimsson, est l’invitée de Martha Stewart sur la chaîne américaine Hallmark.

Une heure de clichés sur l’Islande, bouffe, culture, etc., bien organisé par le consul de l’Islande à New York et le délégué économique aux États-Unis. On doit bien préparer la saison touristique, d’ailleurs mardi soir Of Monsters and Men se produisait au talk-show de Jimmy Fallon sur NBC.

Mais on apprend quelque chose d’intéressant sur Eyjan.is: les deux femmes sont des amies personnelles, depuis que Martha s’est rendue en Islande à l’été 2008.

À l’époque, Martha Stewart avait été reçue à la résidence du président en compagnie de Jón Ásgeir Jóhannesson, Ingibjörg Pálmadóttir, Björgólfur Thor Björgólfsson, Kristín Ólafsdóttir, Kári Stefánsson et Ólafur Jóhann Ólafsson – les 4 premiers faisant partie de ces gens d’affaires tant décriés depuis le début de la crise.

On se demande si elle ne leur pas expliqué comment éviter de se faire prendre quand on fait des choses croches…

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Landsdómur: une tape sur les doigts

Malgré les bonnes intentions et le spin de la gauche (ici un texte de L’Humanité), le verdict du procès de Geir H. Haarde, rendu le 23 avril dernier, nous oblige à demander si le jeu en valait réellement la chandelle.

Car si le système judiciaire islandais s’est bien efforcé, depuis 2009, de trouver des coupables dans l’effondrement des banques, aucun des banquiers s’étant fait passer les menottes ne croupit dans une cellule.

Ainsi, l’ancien premier ministre conservateur a été acquitté de tous les chefs d’accusation, sauf un. Punition: AUCUNE. Étrangement, la presse internationale de gauche a cessé de parler de l’Islande dès ce moment.

Ce qui nous ramène au principal intéressé, qui continue de clamer au haut et fort qu’il a été victime de ses opposants politiques qui cherchent à prendre leur revanche. Disons qu’il n’a pas vraiment tort…

Voici d’ailleurs ce qu’il affirmait au magazine Kastljós le soir de son acquittement.

Steingrímur J. Sigfússon* dit que je méritais d’être poursuivi pour avoir vendu des biens de l’État sans autorisation. Quelle autorisation avait-il, en 1990, quand il a vendu des terrains de l’Église à Ölfus?

À ce titre, faudrait-il que les élus poursuivent leurs prédécesseurs qui n’ont pas fait comme ils voulaient? C’est un terrain glissant, voire dangereux.

De même, considérant la punition, force est d’admettre que les États-Unis demeurent le meilleur pays pour traduire un criminel en cravate en justice. Demandez à Conrad Black!

*Chef du Parti Gauche Vert. Était en 1990 ministre de l’agriculture. En Islande, l’Église Luthérienne n’est pas séparée de l’État.

Un naufrage et les médias

La nouvelles sur l’accident du Costa Corcordia est évidemment un choc pour nous au travail et ce qui s’est dit dans les médias sur les circonstances de l’accident nous renverse, à savoir que le capitaine est sorti sans s’assurer que le navire était vide, que l’exercice de sécurité n’avait pas été fait avant le départ et qu’il s’avère que le navire était trop près des côtes parce que les officiers voulaient saluer leurs amis sur l’île.

Mais, à côté de ça, j’entends dans les médias américains ces survivants qui disent que l’équipage les a abandonnés, qu’ils ne savaient pas où aller… Euh!

Près de 4000 personnes étaient à bord et on dénombre, grosso modo, moins de 30 vies perdues. C’est de trop et il y a vraisemblablement un cocktail de négligences et d’erreurs mais quelqu’un peut-il regarder les choses de face?

En tant que « Evacuation Team officer », je me dois de constater que, malgré ce que les journalistes et les survivants racontent, il y a sûrement quelqu’un qui a fait sa job pour que tous ces gens sortent du navire!

Shame on You!

Dirty Jobs: Et si les consommateurs étaient trop cheap?

Je ne prétends pas avoir une réflexion structurée sur le sujet mais c’est néanmoins la question qui me vient en tête en lisant cet article. On y apprend que seulement 5 Islandais ont soumis leur candidature pour deux postes affichés dans une succursale Poulet Frit Kentucky. Le quotidien s’en désole et soumet même les chiffres suivants: il y a, à ce jour, 12000 chômeurs en Islande, dont 3800 de moins de trente ans.

Notez bien que l’article mentionne que 5 immigrants ont aussi exprimé leur intérêt. Mais c’est oublier qu’en Europe, beaucoup jugent que, contrairement aux États-Unis, les Européens n’ont pas besoin de personne pour les « torcher » parce que les « dirty jobs, ils les font. Mais même aux États-Unis, les récessions sont souvent un prétexte pour fermer les frontières dans l’espoir de faire travailleurs les chômeurs.

Lorsqu’on parle de ça, on en vient souvent aux salaires et aux conditions de travail. La croyance populaire veut que les entreprises pressent le citron sur les salaires afin de maximiser leurs profits. Je ne dirai pas que c’est faux mais j’aimerais retourner le miroir: Et si c’étaient les consommateurs qui sont trop cheap?

Plusieurs personnes vertueuses trouvent que les McDo et Wal-Mart exploitent leurs employés mais seraient-ils prêts à payer le double pour leur Big Mac ou un balai? Pas sur, pas sur. Pour s’en convaincre, il faut voir les Scandinaves aller magasiner lors de leurs voyages à l’étranger (encore que c’est souvent dû aux fortes taxes sur les produits).

Je ne cherche pas à lancer la première pierre sur personne. Seulement, je remarque que c’est un aspect négligé de l’équation économique et je crois qu’il faut s’y attarder pour bien saisir certains enjeux actuels.

Rebaptiser les commerces: Laver plus blanc que blanc

Samedi après-midi, le centre-ville de Montréal a été « visité » par des manifestants sympathiques à la cause du Mouvement Montréal Français pour augmenter la présence du français dans les commerces. Signe que l’agenda des militants linguistique se radicalise, la cible n’est désormais plus tant la langue de service (la situation s’étant grandement améliorée), mais les noms.

Permettez-moi d’abord de voir, encore une fois, une preuve que ces gens sont anti-anglais davantage que pro-français quand j’observe que des marques comme American Apparel et Second Cup les empêchent de dormir, mais qu’ils n’ont absolument rien à cirer du suédois IKEA ou des danois Jysk ou Ecco.

Je rage quand j’entends Denis Trudel dire à François Cormier de Radio-Canada que le mouvement n’exige que la « normalité », ce que « tous les peuples du monde ont ».

Bien, Denis, allons voir…

Constatons d’abord que les « Bureaux en Gros », « Marché Express » ou encore « Les Cafés Starbucks » sont des faveurs accordées aux marché québécois et dont on ne retrouve que peu d’exemples ailleurs dans le monde.

L’automobiliste européen qui va faire le plein chez Total va payer dans un dépanneur appelé « Bonjour » sur la totalité du continent… Pas de « Ciao » ou de « Dobry den ». À côté, Aral impose la bannière « Aral Store ». Lequel préférez-vous?

Les grandes banques américaines servent volontiers leurs clients en espagnol mais elles ne traduiraient jamais le « branding » de leurs cartes, et encore moins leurs noms. D’ailleurs, trouvez-moi donc le slovaque sur celles-ci, ici je vois très bien le « expires end of » mais pas de féroïen et aucune trace de russe ici non plus. Une des grandes institutions financières suédoises a pour nom Swedbank, pas Sveriges Bank.

Mais puisque l’on parle de magasins et de vitrines, continuons notre tour du monde…

Voici l’affichage des soldes devant un magasin Karstadt en Allemagne.

Observons les noms des commerces dans ces centres d’achats de Reykjavik, Oslo, Mlada Boleslav, Copenhague et même Sofia.

Les mêmes noms reviennent, sans traduction, et même, parfois, derrière une raison sociale anglaise se cache une entreprise tout à fait locale. Et non, ça ne semble pas causer d’urticaire à beaucoup de monde hors du Québec et de la France.

Ma recherche m’a même fait découvrir que Pharmaprix a des magasins en Pologne, en Israël et en Chine sous le très local nom de Super Pharm!

Et au final, parce qu’on pourrait en parler éternellement, j’aimerais souligner que, selon moi, ces enragés du français devraient apprendre à pardonner. Pardonner, ça ne veut pas dire s’écraser ou se soumettre, contrairement à ce qui semble être exprimé.

Je me souviens de mon étonnement de voir des touristes israéliens en Allemagne, tout comme je trouvais étrange les bonnes relations des Tchèques et des Polonais à l’égard de leurs voisins qui, il y a 70 ans, voulaient les exterminer. Et quand j’en ai discuté, on me disait essentiellement « C’est fini ces histoires-là ».

Il n’y a jamais eu de chambres à gaz au Québec. Aucune mesure contre le français n’a été aussi dure que ce que la Russie et l’Allemagne ont fait subir à la culture polonaise.

Et pourtant, à entendre nos drama queens nationalistes, on croirait que c’est tout le contraire.

Bien ce sont eux les impérialistes.

4×30 krónur pour une piastre

Si je ne me faisais pas régulièrement approcher par des Indonésiens et des Philippins désireux d’acquérir des précieux 100$ bruns, billets que je leurs obtiens à la succursale de la Banque Royale aux Iles Caimans, je trouverais très insolite cette nouvelle sortie dans les médias islandais la semaine dernière, à savoir qu’Ottawa entreprendrait des démarches discrètes pour que « notre » dollar remplace la couronne dans un avenir rapproché.

Deux quotidiens de Reykjavik et la chaine de télévision Stöd 2 ont parlé de la visite « secrète » de représentants de la Banque du Canada ainsi que du ministère fédéral des Finances dans la capitale islandaise en février. On dit même, et ajoutez ici une trame sonore de complot, qu’à la même table de restaurant se trouvaient des employés d’Irving Oil, entreprise intéressée à exploiter le futur pétrole islandais.

Alors que 40% des Islandais croient qu’il est venu le temps de se défaire de la couronne, les deux alternatives de choix se portent mal. Impossible pour l’Islande d’adhérer à la Zone Euro, et les finances américaines découragent ceux qui regardent vers le billet vert. Le dollar canadien, disent les commentateurs, est une devise forte et respectée, en plus de trainer avec lui toute la réputation sans tache du système bancaire canadien.

Mais si Guðmundur Ólafsson, professeur à l’université d’Islande, croit que la transition pourrait s’opérer en seulement 3 mois, ce n’est pas demain que tuttugu se fera une place à côté de twenty et vingt. Car malgré les avantages pour l’Islande, et l’intérêt d’Ottawa pour la chose, n’oubliont pas que l’endettement et la situation financière de l’Islande – même si c’est sur la bonne voie – auront des effets néfastes sur la santé du dollar qui ne devraient pas trouver bonne presse chez nous, à l’exception bien sûr du fan club de Jean-François Lisée pour qui une devise faible permet une économie en santé.

http://www.visir.is/komu-til-islands-i-vor-til-ad-raeda-einhlida-upptoku-kanadadollars/article/2011110609729
http://www.visir.is/haegt-ad-taka-upp-kanadadollara-a-thremur-manudum/article/2011110609675

Oscars: « Syndrome Arcade Fire » pour Hævnen

« Ils peuvent se mettre notre Oscar dans un endroit sombre et peu éclairé ».

C’est la réaction de Peter Aalbæk Jensen, de la société de production Zentropa, lorsque le tabloid BT a demandé des commentaires à la suite de la victoire de Haevnen, de Susanne Bier, aux Oscars dimanche.

Le film a été sous-estimé au Danemark, n’ayant été que peu nominé et uniquement récompensé des prix Robert et Bodil pour la meilleur actrice féminine, Trine Dyrholm.

Peter A. Jensen n’y va pas avec le dos de la cuillère: « Jamais ça ne nous serait jamais arrivé chez nous parce que la maladie nationale du Danemark, c’est de cracher sur le succès des autres ».

Pendant ce temps, quelle ironie, les médias, le milieu artistique et les politiciens danois s’emballent sur qu’est-ce que la statuette gagnée à Hollywood peut bien signifier pour le « cinéma danois » et le « branding du Danemark ».

Ne manquait plus que « le Danemark gagne un Oscar » pour compléter le tout, et je l’ai vu!

Ça ne vous rappelle pas une certaine tribu d’Amérique du Nord après le Grammy d’Arcade Fire?

Richard Hétu a manqué une belle occasion de se taire

Si je peux me remettre du fait que Richard Hétu est un cheerleader du Parti Démocrate sur son blogue, le langage de son fan club est la vraie raison pour laquelle je n’y vais pas.

Manifestement, les « commenteux » n’ont pas plus de retenue quand on parle d’un évènement aussi dégeulasse que le viol de la correspondate de CBS News Lara Logan.

Le billet « Le viol d’une journaliste » contient toute sorte de remarques grossières, notamment à savoir on n’exagérait pas en parlant de viol si certaines textes mentionnaient « agression sexuelle ». Quant à la « légendaire » Belette-Lachinoise, elle nous dit:

C’est bien la seule fois que je regrette qu’Anne Coulter ne soit pas journaliste.

Quoique faire ça avec un barracuda, ce n’est ni très hygiénique, ni très tentant.

La raison de la présence du nom d’Ann Coulter dans la discussion? Une référence à son souhait de voir plus de journalistes emprisonnés, une réponse à une question posée lors de son intervention au CPAC. J’ai beau trouvé sa déclaration, tout comme sa position sur le sujet, abjecte, non je n’irai pas souhaiter qu’elle se fasse violer ou que « sa figure lui serve de tapis » comme dis Belette-Lachinoise un peu plus loin.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. 24 heures plus tard, Richard Hétu publie un autre billet sur deux cas médiatisés de moquerie à l’égard de ce qui est arrivé à Lara Logan.

Après que Richard Hétu et les modérateurs de Cyberpresse aient approuvé tous les commentaires disgracieux sur le premier billet, je pense qu’ils ont manqué une occasion de se taire. Quelle crédibilité a un tel texte après tout ce qui a été dit hier?

Qui plus est, les commentaires du billet de mercredi ne sont guère mieux que ceux d’hier. Je lis que Lara Logan aurait peut-être menti « comme c’est courant dans les médias américains », felio_di_parma, qui hier s’obstinait entre viol et agression sexuelle, est soudainement blanc comme neige « parce que ce que la droite a dit c’est bien pire », même chose pour Belette-Lachinoise.

Après ça, ça vient dire que c’est la droite qui diffame!

Arcade Fire: l’hypocrisie

Je vais être bien franc avec vous: bien que je trouve ça bon, je ne me considère pas comme un fan d’Arcade Fire. Ce n’est donc pas en cheerleader que je constate, avec délice, toute l’hypocrisie qui suit leur victoire dans la catégorie « Album de l’année » au Grammys, dimanche à Los Angeles.

Hypocrisie parce que, après des années à dire qu’ils ne sont pas des « Nous autres » comme dirait mon ami Mathieu Demers, à leur reprocher de ne pas chanter en français, voilà que les médias et les « commenteux » des blogues médiatiques (ex.: Cyberpresse) se mettent à les encenser et à s’approprier un petit coin du trophée, étant donné que c’est « Nous » qui avons gagné le prix.

D’autant plus drôle que « SBordeleau », sur le blogue de Marie-Claude Lortie, y va d’une tirade selon laquelle ça exprimerait la supériorité de la culture québécoise sur celle, sans saveur, du reste du Canada… Il ne vit définitivement pas dans le même Québec que moi, celui de Marie-Mai, La Poule aux Oeufs d’Or et L’Appât!

Tant qu’à y être, je pourrais m’en prendre à Marie-Claude Lortie, qui appelle Montréal à capitaliser sur le prix pour attirer le tourisme hipster, comme si un trophée remportée par un band pourrait décider une personne de venir visiter la ville. Mais, étant dans le domaine, vrai que ça peut constituer un facteur indirect. Les carrières internationales d’artistes comme Björk et Sigur Rós ont fait connaître l’Islande, en particulier aux États-Unis, et la musique islandaise est une partie incontournable du marketing touristique du pays, au point où Icelandair s’associe à tous les grands évènements.

L’exemple de l’Islande est intéressant pour le Québec, étant donné les similitudes entre les deux cultures: ultra-minoritaires dans le monde et où, à l’interne, le réflexe de tribu est important.

Il y a quelques jours, le portail web Visir.is annonçait que le groupe Guitar Islancio allait participer au festival de jazz de Düsseldorf. Les médias ont porté beaucoup d’attention à la tournée allemande du groupe Dikta. Comme c’est généralement le cas au Québec donc, le moindre geste d’un Islandais à l’étranger est souligné partout.

À la différence du Québec par contre, l’establishment islandais n’a pas de mouton noir. Que les gars de Dikta fassent un album en anglais et veulent percer en Europe, c’est vu comme la progression normale d’une carrière. Ici, too bad, mais ils seront des vendus, les journalistes les verront avec suspicion, d’autres artistes viendront critiquer leur « manque de pureté » dans les talk-shows…

Reste que, toutefois, en jouant la carte indie, Arcade Fire n’est tout de même pas la première chose que des stations comme CKOI ou NRJ veulent passer en boucle. Sauf que, comment expliquer que Simple Plan (même chose pour The New Cities) ait été connu à travers le monde avant d’être un succès au Québec, sinon que le milieu artistique québécois levait le nez sur leur produit « radio-friendly » parce qu’ils chantent dans la mauvaise langue?

On peut dire que l’ADISQ lève le nez sur tout ce qui n’est pas en français mais je dirais que c’est plus que ça. Alors que la petitesse du Québec devrait normalement, selon l’exemple islandais, favoriser la diversité du milieu, le monde de la musique québécoise a plutôt choisi d’imiter le système en place aux États-Unis, soit des majors dont la mission est de faire sortir un produit commercial, pré-mâché et le plus mainstream possible (ce qui voudrait donc dire que remporter un Grammy signifie qu’Arcade Fire n’est plus indie…).

Force est de constater que l’industrie québécoise de la musique s’obstine à fonctionner selon un vieux modèle d’affaires, qui fonctionne de moins en moins avec les jeunes, ce qui explique qu’un chanteur de 25 ans peut atteindre le sommet des palmarès avec un album de remake des années 60. Au lieu de favoriser la vitalité artistique, on se concentre sur les valeurs sûres.

Et comment être forcé d’évoluer quand on est si bien protégé par les quotas du CRTC? Ce système fait plus que protéger la musique francophone, il la fige dans le temps.

Autre texte sur la difficile acceptation d’Arcade Fire chez les « Nous autres »

Berlin et la mémoire de Ronald Reagan

Le ministre allemand de la défense Karl Theodor zu Guttenberg (CSU) n’en démord pas: Berlin fait trop peu pour honorer la mémoire du 40ième président des USA, dont on aurait célébré le 100ième anniversaire cette semaine. Lundi, il est revenu sur la question d’un mémorial dans la capitale, à l’occasion d’une cérémonie organisée l’honneur de Reagan à l’ancienne prison de la Stasi dans le quartier Hohenschönhausen. Même Angela Merkel s’est invitée dans le dossier, jugeant qu’une plaque sur la Pariser Platz, devant la Porte de Brandebourg, serait tout à fait appropriée.

Récemment, les autorités municipales ont demandé aux 12 arrondissements de soumettre des rues/places à renommer. Charlottenburg-Wilmersdorf a été le seul à répondre positivement, le caucus de la CDU à l’assemblée d’arrondissement proposant Joachimstaler Platz (le triangle à l’intersection). Autrement, dit le Tagesschau, personne n’en veut.

Ici et là, on lit dans les médias que le Sénat considère que Reagan a assez d’honneurs berlinois. Citoyen d’honneur de la ville, il a son portrait à l’hôtel de ville et à la chambre des députés. La nouvelle station de métro Brandenburger Tor comporte une grande photo où on le voir lors de son discours du 12 juin 1987.

Il est évident que l’affaire trempe dans la partisanerie jusqu’au cou: CDU et FDP sont pour, les Verts et Linke totalement contre, le SPD attend.

Partenaire du Linke au Sénat, fort probable que le SPD se fait discret pour ne pas mettre la chicane dans la coalition à l’heure où on se prépare pour les élections de septembre. Mais aussi, nul doute que de nombreuses personnes actives au sein du SPD Berlin ne sont pas confortables avec l’idée.

Le 24 décembre dernier, le Berliner Zeitung faisait état d’une très faible envie d’honorer l’ancien président. Dans les années 1980, il était honni à gauche, des deux côtés du Mur, et la capitale allemande n’a jamais manqué de gauchistes pour faire pencher la balance. Lors de sa visite de juin 1987, contestée par la RDA, plusieurs manifestations anti-Reagan avaient eu lieu à Berlin-Ouest… et y participaient certains élus actuels, notamment des membres du caucus vert.

Ronald Reagan, républicain, ne jouit donc pas du même capital de sympathie auprès des Berlinois que John F. Kennedy, démocrate, ou encore l’activiste étudiant Rudy Dutschke (qui avait tout d’un terroriste d’extrême-gauche), dont les hauts cris de la droite n’ont pas empêché d’être honoré d’une rue dans l’arrondissement Friedrichshain-Kreuzberg.

Et si on parle d’idéologie, on se doit d’observer les choses bien au-delà des simples étiquettes de partis. À lire les commentaires publiés dans la presse berlinoise, Ronald Reagan n’est pas aussi méritant que JFK car il n’a rien dit d’original en exigeant que le Mur soit ouvert. Sans oublier l’histoire « officielle »: c’est Gorbatchev qui a mis fin à la Guerre Froide avec la glasnost et la perestroïka. En installant des missiles sur le sol ouest-allemand pour réplique à l’armement soviétique présent en RDA, c’est Reagan qui passe pour le guerrier…

Au moins, ces deux thèses sont conséquentes. Tant qu’à encenser un président dont la faiblesse a causé la division de la ville par un Mur pendant 28 ans, aussi bien penser que le régime soviétique s’est ouvert comme ça, tout seul, sans aucune pression extérieure…

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