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Le jupon rouge des journalistes

Le chercheur électoral norvégien Frank Aarebrot s’est intéressé aux opinions politiques des journalistes des trois pays scandinaves, une étude dont il a présenté les résultats ce jeudi au Nordiske Mediedager de Bergen.

La question est simple: S’il y avait des élections, pour qui voteriez-vous?

Dans les trois pays, le rouge l’emporte. Les pourcentages en blanc sont la différence avec les plus récents sondages réalisés dans la population en général.

Norvège:

Remarquez bien que le FrP disparait totalement de la carte. TV2 note dans son article qu’en 2003, 36% des journalistes norvégiens avaient voté pour SV – un parti semblable à Québec Solidaire.

Ceci dit, le professeur conclut que la différence entre journalistes et population générale est moins prononcée en Norvège que chez les deux voisins.

Suède:

Non seulement la gauche est sur-représentée chez les journalistes suédois mais le « parlement des journalistes » est très différent du Riskdag élu en 2010.

Danemark:

Le Danemark remporte la palme avec 80% de journalistes votant à gauche (au Danemark, « B », Det Radikale Venstre est un parti social-libéral qui s’associe à la gauche).

Ce qui me frappe, ce n’est pas tant l’absence relative des idées libérales chez nos chers reporters mais la sur-représentation de partis « à gauche de la gauche » dont les programmes hyper-socialistes et étatistes ne trouvent pas vraiment d’emprise dans la population.

Je serais très curieux de voir le résultat d’une telle enquête au Québec. Cela dit, je ne nie aucunement aux journalistes le droit d’avoir une opinion et je préfère savoir leur couleur plutôt que les voir se cacher derrière une objectivité et une neutralité qui relève de plus en plus de l’utopie de nos jours.

Mais jusqu’à quel point cela influence-t-il leur travail? J’aimerais bien voir une étude scientifique là-dessus.

D’un coup d’oeil, je dirais que Helle Thorning-Schmidt et Jens Stoltenberg font face à beaucoup moins de micros hostiles que Fredrik Reinfelt. Plus près de nous, on voit très bien comment les médias ferment les yeux sur les comportements condamnables du mouvement étudiant.

Sauf qu’il n’y a pas que la politique partisane qui est influencée par nos opinions. En Allemagne, les chroniqueurs télé lèvent souvent le nez sur ce qui vient des diffuseurs privés. Culture, justice, environnement, consommation, même les sports (Réjean Tremblay en est le meilleur exemple)… Aucun article de journal, aucun reportage n’échappe aux couleurs politiques d’un journaliste.

C’est peut-être pour ça que j’ai renoncé à en devenir un.

TV2 Nyhetene

EDIT: Deux « vieux » billets sur le passé rouge de la télévision publique danoise: ici et

Pénurie de beurre en Norvège

Avec son système de gestion de l’offre, ses subventions et ses barrières protectionnistes, l’agriculture norvégienne est tout aussi soviétisée que la canadienne. Nombreux sont les Norvégiens, pourtant méprisés par les élites, qui vont faire leurs emplettes en Suède pour économiser sur le panier d’épicerie le plus cher d’Europe.

Depuis quelques temps, il y a une autre raison de traverser la frontière: le beurre se fait rare sur les tablettes. Le coupable: les quotas de lait.

La pénurie est tellement bien gérée qu’on sait même la date où elle finira: le 2 janvier 2012. En gros, c’est que la laiterie Tine, qui produit 70% du beurre norvégien, a rempli tous ses quotas pour l’année. Du côté des producteurs de lait, on affirme que la situation aurait pu être évitée si on avait révisé les quotas en septembre ou octobre et on aurait ainsi pu hausser la production.

Pour tenter de calmer le jeu, le gouvernement a temporairement aboli les droits d’accises sur l’importation de beurre. Mais les producteurs des pays voisins, notamment danois, refusent catégoriquement: « les Norvégiens doivent jouer le vrai jeu s’ils veulent du beurre sur leur table ».

J’avoue ne pas trop savoir les possibilités réelles qu’une telle situation se produise au Canada, toutefois je considère que c’est un solide avertissement étant donné que nos deux pays gèrent la chose agricole de la même manière et défendent bec et ongle, sur la scène internationale, leurs agriculteurs au mépris des consommateurs.

NRK
Reportage de la télévision islandaise

Norvège: la gauche à l’attaque

Christian Tybring-Gjedde, député au Storting et chef de la section d’Oslo du FrP, n’en peut plus. Depuis plusieurs semaines, lui et sa femme vivent sous protection policière suite aux incessantes menaces de mort qu’il reçoit. Fatigué de la violence et des menaces à son endroit, il est désormais en congé de maladie pour stress.

Le 25 août dernier, il publiait, avec son collègue Kent Andersen, un texte d’opinion dans le quotidien Aftenposten dans lequel les deux auteurs s’en prenaient au multiculturalisme tel que pratiqué par les politiques migratoires du Arbeiderpartiet.

En Norvège et à l’étranger, le FrP est fréquemment qualifié de parti raciste et xénophobe parce qu’il considère que les nouveaux arrivants doivent adhérer aux valeurs occidentales et qu’ils ne doivent pas être un fardeau pour les programmes sociaux norvégiens. On lui a attribué, faussement, d’avoir été l’inspiration d’Anders Breivik lors du massacre du 22 juillet.

Parlant du 22 juillet, la chef du parti, Siv Jensen, n’en peut plus des attaques personnelles de militants de partis de gauche contre le FrP depuis cette tragédie. Elle a rappelé que tous les partis politiques norvégiens s’étaient engagés à faire preuve de plus de respect envers leurs adversaires, le PM Jens Stolenberg ayant exhorté les Norvégiens à répondre au terrorisme par « plus de démocratie ».

Visiblement, le premier ministre aurait dû passer le message à ses propres troupes en premier. Au cours d’un congrès avec des syndicats, Eskil Pedersen, le chef des jeunes travaillistes (ayant échappé au massacre d’Utøya dans des circonstances nébuleuses), s’en est vivement pris au FrP, les accusant « d’abuser de la liberté d’expression » et nommant le texte de Christian Tybring-Gjedde (ici) comme l’exemple d’un discours haineux.

Lundi soir, la NRK a ouvert le Dagsrevyen avec un reportage de 6 minutes sur le stress du couple Tybring-Gjedde. Au cours de l’entretien, Ingvill Tybring-Gjedde affirme qu’elle est rendue à un point où elle a peur et ne se sent plus en sécurité en Norvège.

Le couple a expliqué que les menaces à leur endroit ont augmenté à partir du moment où Eivind Trædal, activiste d’extrême-gauche, a répondu, dans les pages du Dagbladet à la lettre de Christian Tybring-Gjedde.

Pourquoi? Parce qu’il le nomme, avec quelques autres, comme étant un « raciste et islamophobe professionnel ». Quand on veut harceler les minorités en Norvège, dit-il, on se fait élire au parlement.

La NRK est allé voir Trædal, qui a exprimé ses regrets, expliquant qu’il n’avait jamais voulu s’en prendre personnellement à Christian Tybring-Gjedde. Il dit que c’est n’est pas de sa faute si le Dagbladet a mis une photo de Christian Tybring-Gjedde et que c’est eux qui ont décidé de reprendre son qualificatif de « déchets » comme titre.

Or, si Eivind Trædal avait lu « Drøm fra Disneyland » comme il faut, il aurait bien vu le texte ne pointe du doigt aucun nom. Il me comporte aucune attaque, que des questions à « l’architecte de la société d’après-guerre », le Ap. Dans sa réplique, Trædal nomme expressément Christian Tybring-Gjedde, Hege Storhaug et Ole Jørgen Anfindsen comme « déchets » et « harceleurs de minorités ».

Pour Carl I. Hagen, chef du caucus FrP pour la région d’Oslo, pas de doute que la gauche est en mode attaque depuis le 22 juillet et qu’elle cherche à s’en prendre aux personnes plutôt qu’aux idées. Il en a discuté ce matin à Morgennytt, sur NRK1, avec le journaliste Mimir Kristjansson du quotidien communiste Klassekampen (ici). Ce dernier n’est pas tout à fait d’accord, il affirme que des gauchistes ont reçu les mêmes genres de menaces.

De mort aussi? On veut des noms.

En tout cas, bravo à la NRK. Ce n’est pas la SRC qui prendrait si au sérieux la même situation si c’était des députés Conservateurs ou Adéquistes!

Anders Breivik: Un test pour la justice norvégienne

C’est mardi après-midi que deux psychiatres ont rendu publique l’évaluation mentale du terroriste Anders Behring Breivik, accusé du meurtre de 77 personnes à Oslo et Utøya le 22 juillet dernier. Diagnostiqué comme psychotique, l’homme ne peut être condamné à la prison et prendra donc le chemin de l’asile à l’issue de son procès débutant le 16 avril prochain.

Depuis, en Norvège, on ne parle que de ça. Un peu comme Denis Lévesque mardi soir, certains se demandent s’il ne suffit pas de se faire déclarer fou pour recevoir l’absolution de la justice. On peut lire dans la presse norvégienne que les politiciens ont peut-être honte de la situation mais ce sont eux qui ont crée ce système justice « humanitaire » qui vise la réhabilitation et qui ne se gêne pas de donner des « sentences bonbon » (ça vous rappelle pas quelque part?).

En passant, il m’est toujours aussi intéressant de noter que les médias norvégiens n’ont pas la même propension que leurs homologues étrangers à qualifier Breivik de gars d’extrême-droite. Alors que l’adjectif est essentiel à tout article étranger sur le sujet, en Norvège il demeure un « terroriste » ou un « meurtrier de masse ». Tout au plus est-il « islamophobe » ou « motivé par la haine ».

Certes, le sujet fait un retour alors que certains, dont la chef du parti social-libéral Venstre Trine Skei Grande, ont peur que l’extrémisme politique soit désormais médicalisé et qu’on ne s’affaire plus à le combattre.

Mais au-delà de tout cela, il y a tout de même une récupération politique d’un rapport médical indépendant. Plusieurs figures de droite n’ont pas hésité à dénoncer le rapport et à réclamer une nouvelle évaluation. Ce qui a laissé dire à certains gauchistes que l’opposition se faisait du capital sur les morts du 22 juillet.

Du côté des victimes, si on n’est pas trop surpris de l’état mental du tireur, on se contente d’être soulagé qu’il ne risque pas d’être remis en liberté même s’il échappait à la prison. Et, petite parenthèse, je suis choqué d’entendre un porte-parole des jeunes travaillistes affirmer que le tout est un signe que l’État de droit fonctionne, je trouve que c’est un tel détachement par rapport à ce qui est arrivé!

Spécialistes à l’appui, la NRK a rapporté que les conditions de sa détention à l’hôpital psychiatrique seront très similaires à la prison. Breivik est passible de la plus forte sentence de prison prévue au code pénal norvégien, 21 ans.

Ceci dit, le quotidien communiste Klassekampen a décelé un moyen, via une loi de 2002, qui pourrait envoyer Anders Breivik en prison malgré le diagnostic.

Force est également de constater que journalistes et politiciens « patinent » un peu, question de rattraper une opinion publique résolument sans pitié: 87% des Norvégiens considèrent qu’Anders Breivik ne doit jamais être libéré avant la fin de ses jours. Pas pour rien que, fait très inhabituel en Europe, on laisse « couler » des interviews où on entend des personnes dire qu’un tel personnage mérite la peine de mort.

Je trouve néanmoins intéressant de voir la division, par parti politique et par région, des répondants lorsque les sondeurs de Norstat on demandé si « la tournure des évènements correspondaient à leur définition du système de justice ».

Non:
FrP: 59%
Pensjonistpartiet: 62%
Autres (petits): 64%
Arbeiderpartiet: 48% [parti visé par l’attaque du 22 juillet]

Oui:
Rødt: 79%
SV: 55%
Høyre: 43%

Les habitants du nord de la Norvège sont les plus enclins à répondre non (54%) alors que le oui est le plus fort à Oslo (48%).

Parlant d’Oslo, le quotidien Aftenposten a sorti les chiffres pour les criminels condamnés à des soins psychiatriques au lieu de la prison depuis 10 ans: un tiers a fini par être libéré pour bonne conduite!

(Avec NRK, TV2, Dagbladet, Aftenposten, Klassekampen).

Anders Behring Breivik: Procès le 16 avril 2012

Survivants, proches de victimes, journalistes et simple curieux se sont amassés très tôt autour du palais de justice d’Oslo en ce lundi matin. Certains ont même dormi dehors pour être certains de ne rien manquer.

Bien que NRK1 et TV2 aient passé un bonne partie de la journée à couvrir l’évènement, aucune image d’Anders Breivik n’a circulé. La justice norvégienne interdit toute publication d’un photo ou d’un vidéo de lui prise après le 22 juillet. Cela pourrait cependant changer lors du procès, dont le début a été fixé au 16 avril prochain. En effet, les deux principales chaines de télévision de Norvège jugent qu’il est essentiel de télédiffuser le procès en direct…et le juge leur a donné partiellement raison, réponse à venir. Notons qu’on réaménage tout un étage du palais de justice d’Oslo en prévision du procès: salle d’audience, salles pour le public, salles pour la presse, espace pour la télévision…

L’audience de lundi avait pour but de prolonger la détention d’Anders Breivik. Depuis 16 semaines, le suspect est détenu dans l’isolement le plus total et la « couronne » demandait 12 semaines supplémentaires dans les mêmes conditions. Le tribunal a approuvé la requête, cependant Breivik aura un accès très contrôlé au courrier et pourra recevoir la visite de sa famille dans 8 semaines. Il restera vraisemblablement détenu de manière très semblable jusqu’à son procès, qui durera 10 semaines en plus du temps nécessaires pour que les parties civiles discutent des indemnités qu’il devra verser à chacune des victimes du 22 juillet. De quoi donner une crise cardiaque à Jean-Marc Fournier… Je me demande aussi où sont tous ces organismes qui ont dénoncé le traitement des prisonniers de Guanatamo… Ah c’est vrai, où avais-je la tête, Breivik c’est l’extrême-droite et Jens Stoltenberg est un social-démocrate (soit dit en passant, Raymond St-Pierre et cie, les médias scandinaves n’utilisent pas le terme « extrême-droite » pour parler de lui).

Cela dit, d’ici au mois d’avril, les médecins doivent continuer de l’examiner afin de savoir s’il est apte à être jugé. À mon avis, ce n’est qu’une formalité: je n’ose pas imaginer le scandale, immensément pire que Guy Turcotte!

Lors de l’audience, Breivik est apparu « froid et inhumain » ont dit des gens ayant assisté. Il a tenté de s’adresser aux victimes mais le juge l’en a empêché. S’il reconnait sa responsabilité, Anders Breivik refuse d’enregistrer un plaidoyer et s’est présenté comme le commandant d’un mouvement de résistance (et non, contrairement à ce qu’a dit Céline Galipeau, il ne s’est pas déclaré d’extrême-droite). Remarquez aussi qu’il refuse de reconnaitre le système judiciaire norvégien.

Avec NRK, TV2, Aftenposten.

L’argent sale

La chanteuse d’opéra norvégienne Mari Eriksmoen est la lauréate 2011 de la bourse Statoil pour le talent en musique classique. 1 million de couronnes norvégiennes, ce n’est pas des peanuts, c’est 178000$.

Statoil appuie financièrement la scène musicale norvégienne depuis de nombreuses années par des bourses aux artistes ou en commanditant des évènements. Un rôle qui, finalement, ressemble à ce que nos Hydro/Loto/SAQ font chez nous.

Sauf que Statoil n’a pas la chance d’être dans une industrie aussi noble que la vente de loterie ou d’alcool, elle est plutôt dans le pétrole. Ainsi, son action en culture est controversée. Maja Ratkje considère que Statoil utilise les arts pour embellir son image ternie par ses investissements dans les sables bitumineux de l’Alberta (Dagsavisen).

Dans d’autres cas, on a refusé l’argent de Statoil pour protester contre l’exploration pétrolières à Lofoten (btw, ce groupe avait été âprement critiqué pour avoir chanté à un rassemblement du FrP, le diable politique). Mais en règle générale, la seule raison d’être de Statoil, l’industrie pétrolière, suffit à faire fuir: Ici, le Dagsavisen rappelle que plusieurs artistes refusent de se produire au festival Bylarm en raison du commanditaire principal.

Remarquez que c’est leur droit et ses gens assument les conséquences de leurs gestes, il est vrai.

Néanmoins, il s’agit d’une grande marque d’hypocrisie. Avant le pétrole, la Norvège était un pays de pêcheurs et d’agriculteurs. Elle doit sa prospérité à l’or noir, à qui on a même donné un coeur et une vertu en la nationalisant (quoique que personne en Norvège n’ose utiliser le terme « éthique »). Chaque seconde de leur vie, les Norvégiens bénéficient de la richesse apportée par le pétrole (par contre, j’en ai souvent parlé, la Norvège ne gaspille pas cet argent).

Ça ressemble à nos bons politiciens québécois qui aiment cracher sur le pétrole albertain mais qui ne se passeraient pas du chèque de péréquation qui tient le Québec à flot!

Mais si les artistes norvégiens savent dire « nei » à Statoil, verrait-on Roy Dupuis refuser quelque chose financé par Hydro-Québec en raison de son combat contre les barrages hydroélectriques?

Rebaptiser les commerces: Laver plus blanc que blanc

Samedi après-midi, le centre-ville de Montréal a été « visité » par des manifestants sympathiques à la cause du Mouvement Montréal Français pour augmenter la présence du français dans les commerces. Signe que l’agenda des militants linguistique se radicalise, la cible n’est désormais plus tant la langue de service (la situation s’étant grandement améliorée), mais les noms.

Permettez-moi d’abord de voir, encore une fois, une preuve que ces gens sont anti-anglais davantage que pro-français quand j’observe que des marques comme American Apparel et Second Cup les empêchent de dormir, mais qu’ils n’ont absolument rien à cirer du suédois IKEA ou des danois Jysk ou Ecco.

Je rage quand j’entends Denis Trudel dire à François Cormier de Radio-Canada que le mouvement n’exige que la « normalité », ce que « tous les peuples du monde ont ».

Bien, Denis, allons voir…

Constatons d’abord que les « Bureaux en Gros », « Marché Express » ou encore « Les Cafés Starbucks » sont des faveurs accordées aux marché québécois et dont on ne retrouve que peu d’exemples ailleurs dans le monde.

L’automobiliste européen qui va faire le plein chez Total va payer dans un dépanneur appelé « Bonjour » sur la totalité du continent… Pas de « Ciao » ou de « Dobry den ». À côté, Aral impose la bannière « Aral Store ». Lequel préférez-vous?

Les grandes banques américaines servent volontiers leurs clients en espagnol mais elles ne traduiraient jamais le « branding » de leurs cartes, et encore moins leurs noms. D’ailleurs, trouvez-moi donc le slovaque sur celles-ci, ici je vois très bien le « expires end of » mais pas de féroïen et aucune trace de russe ici non plus. Une des grandes institutions financières suédoises a pour nom Swedbank, pas Sveriges Bank.

Mais puisque l’on parle de magasins et de vitrines, continuons notre tour du monde…

Voici l’affichage des soldes devant un magasin Karstadt en Allemagne.

Observons les noms des commerces dans ces centres d’achats de Reykjavik, Oslo, Mlada Boleslav, Copenhague et même Sofia.

Les mêmes noms reviennent, sans traduction, et même, parfois, derrière une raison sociale anglaise se cache une entreprise tout à fait locale. Et non, ça ne semble pas causer d’urticaire à beaucoup de monde hors du Québec et de la France.

Ma recherche m’a même fait découvrir que Pharmaprix a des magasins en Pologne, en Israël et en Chine sous le très local nom de Super Pharm!

Et au final, parce qu’on pourrait en parler éternellement, j’aimerais souligner que, selon moi, ces enragés du français devraient apprendre à pardonner. Pardonner, ça ne veut pas dire s’écraser ou se soumettre, contrairement à ce qui semble être exprimé.

Je me souviens de mon étonnement de voir des touristes israéliens en Allemagne, tout comme je trouvais étrange les bonnes relations des Tchèques et des Polonais à l’égard de leurs voisins qui, il y a 70 ans, voulaient les exterminer. Et quand j’en ai discuté, on me disait essentiellement « C’est fini ces histoires-là ».

Il n’y a jamais eu de chambres à gaz au Québec. Aucune mesure contre le français n’a été aussi dure que ce que la Russie et l’Allemagne ont fait subir à la culture polonaise.

Et pourtant, à entendre nos drama queens nationalistes, on croirait que c’est tout le contraire.

Bien ce sont eux les impérialistes.

Avoir le cancer en Norvège

Ces jours-ci, NRK Nyheter publie sur son site une série de reportages sur comment le système de santé norvégien répond à la lutte au cancer. D’emblée, un chiffre: en 2008, le cancer a tué 10000 Norvégiens, dont 6000 moins d’un an après leur diagnostic. En 2009, environ 27000 personnes ont reçu un diagnostic de cancer dans le pays fétiche de Jean-Pierre Charbonneau.

Comme au Québec, les listes d’attente sont un gros problèmes en Norvège. Sans doute lassé d’entendre les médias parler de ces cancéreux obligés d’attendre des mois pour des examens de résonance magnétique, quant ils ne meurent pas avant d’avoir pu voir un spécialiste, le gouvernement Stoltenberg a lancé une nouvelle mesure cette année: une garantie de soins dans les 20 jours.

Or, nous dit l’Association des Médecins de Norvège, la solution ne repose pas au niveau du temps. Elle n’est pas non plus dans le 1.4 milliards NOK de prévus pour traiter encore plus de patients…. La base du problème, c’est que la Norvège n’a que 240 oncologues. Des hôpitaux n’ont même pas les ressources humaines pour faire fonctionner des scanners tous neufs.

Le 26 juin dernier, Therese-Louise Colohan Valseth faisait une sortie dans les médias. Dans une entrevue au Dagsrevyen, elle affirme qu’elle ne serait pas à quelques mois de mourir si le système de santé ne l’avait pas condamné à attendre sur une liste.

Ceci dit, contrairement aux Canadiens, les Norvégiens sont libres de sortir leur argent ou leurs assurances et aller se faire soigner dans des hôpitaux privés. Une clinique privée du Telemark va même jusqu’à envoyer des lettres aux patients sur sa liste d’attente pour les inviter à prendre rendez-vous le soir, à leur frais, puisque le gouvernement a réduit le nombre d’examens qu’il finance, à la même adresse, de jour.

On penserait pourtant que les Norvégiens, qui se saignent toute leur vie pour le fisc, n’auraient pas à vivre un tel calvaire quand ils ont besoin de services financés à même leurs étouffants impôts.

Lettre d’un patient à l’association norvégienne du cancer: Avoir le cancer en Norvège, pays le plus riche du monde, c’est de la torture psychique!

Terror i Norge

C’est dans les moments comme ça comme je regrette le plus mon choix d’aventure. Comme chaque fois que l’histoire s’écrit, j’aurais voulu passer des heures devant ma télé et mon ordi pour m’informer. Au moins, j’aurais aimé que, vendredi après-midi, le wifi de Grand Turk me permettre de regarder un peu NRK1.

Je me souviens très bien qu’il y a bientôt 10 ans, un certain 11 septembre, la télévision publique norvégienne avait été très lente à réagir parce que c’était l’heure des « petits bonhommes ». Cette fois, c’est presque incroyable, Ekstra Nyhedssending est à peu près la seule chose à l’horaire depuis vendredi 16:00.

J’avoue avoir été très marqué par l’inhumanité de ce crime, jamais je n’aurais cru qu’une seule personne pouvait faire ça!

Sans surprise, je suis dégoûté par plusieurs analyses de cette tragédie, où on cherche à mettre une étiquette politique sur le crime. Comme l’ami Antagoniste, je ne vois aucun lien entre les pensées d’Anders Breivik et le programme du FrP. D’ailleurs, le FrP est aux côtés de Jens Stoltenberg depuis la semaine dernière, on ne parle pas d’un parti politique infréquentable comme le FN, le NPD allemand ou le Dansk Folkeparti! Et ce n’est pas la première fois que les médias norvégiens se moquent des associations, à l’étranger, entre FrP et nazis.

En Norvège, le FrP est comparé aux Républicains, à Margaret Thatcher, pas à Hitler! Bien sûr, il y a bien quelques excités qui font la même bêtise que France 2 ou Richard Hétu mais ce n’est pas si répandu que cela.

CNN International disait samedi que Breivik a déjà été membre du FrP. Mais mis à part les valeurs occidentales, pas certain que ses idées sur l’économie était en ligne avec Siv Jensen! Ceci dit, les services secrets allemands refuse de le dire néo-nazi – permettez-moi de ne pas être d’accord.

Et tandis que la Norvège pleure les victimes, la police est de plus en plus pressée de répondre aux questions du public qui croit que la réaction a été beaucoup trop lente. On verra les résultats de l’enquête.

D’ici là, accompagnons les Norvégiens dans leur deuil.

NRK
TV2
Aftenposten
VG

Pétrole norvégien: Derrière les lunettes roses

Dans La Presse, Stéphanie Grammond qualifie le pétrole norvégien de « socialement responsable ». Dans un autre texte, elle s’étonne presque de voir qu’Oslo a choisi de ne pas gaspiller les revenus du pétrole.

Vendredi à 13:00, Simon Durivage a discuté avec Normand Mousseau et les téléspectateurs de RDI d’un modèle financier pour l’exploitation des ressources naturelles. On a vanté la Norvège sans arrêt.

Mais est-ce que c’est aussi beau qu’on le dit? Est-ce que c’est compatible avec les « valeurs québécoises »? Je ne crois pas.

La mythologie nationaliste québécoise nous répète inlassablement que les Québécois ne paient pas leur électricité cher parce que la ressource est ici, qu’elle est « à nous » et que c’est en vendant son électricité aux Américains au prix du marché qu’elle est capable d’être la vache à lait du gouvernement. Ironiquement, on bloque toute tentative de privatisation, même partielle, parce que « les profits doivent nous revenir » et on apprenait cette semaine que la « gauche réformiste » de François Legault a toute sorte de projets à financer avec les revenus d’Hydro-Québec.

Si on appliquait la même logique à du pétrole/gaz québécois nationalisé (comme le souhaitent ardemment le PQ et QS), « Pétro-Québec » nous vendrait l’essence ordinaire à 0.25$ le litre et ferait des profits avec la vente de pétrole sur les marchés mondiaux aux prix réguliers. L’exemple iranien quoi!

Au même moment, Statoil vend l’essence ordinaire à 2.39$ le litre. Un des plus chers au monde, un prix du marché accompagné de fortes taxes. Rien à voir avec notre électricité subventionnée, dont le bas prix est vanté par HQ.

Les Norvégiens « encannent » l’argent du pétrole. Pas plus de 4% des revenus du fonds pétrolier ne peuvent servir par année et la majorité de l’argent est « gelé » pour 60 ans. L’optique est d’étirer la longévité de l’État-providence, d’assurer des revenus une fois que le pétrole sera épuisé.

Oslo n’utilise donc pas le pétrole pour faire des cadeaux aux électeurs, comme l’envisagent d’ores et déjà les politiciens québécois. La structure fiscale norvégienne est donc pareille à celle de ses voisins: une population qui paie, sans exception, jusqu’à 47-50% d’impôts, une taxe de vente de 25% sur tout et des taxes indirectes sur des tonnes de produits.

Très subventionnée, l’agriculture norvégienne tire le prix des aliments vers le haut. Au point où, comme les Québécois vont en Ontario ou aux USA, les Norvégiens vont magasiner en Suède pour sauver de l’argent. Le prix du lait y est plus que le double.

Un coup d’oeil au site web sur les listes d’attente en santé nous apprend que, sur le terrain, les services publics norvégiens ne semblent pas bénéficier des revenus pétroliers.

D’ailleurs, les finances publiques norvégiennes, bien que meilleures que les nôtres, ne sont pas parfaites: Une dette publique équivalent à 43% du PIB, c’est gros quand 25% de nos revenus viennent de l’or noir!

Pendant ce temps, la « méchante » Alberta, celle qui a bradé son pétrole à des vampires capitalistes étrangers, n’a plus de dette, dégage un surplus de 5% du PIB (stats)…tout en ayant aboli la taxe de vente et l’impôt provinciaux! Le problème vécu au Québec, où les compagnies minières versent des redevances jugées dérisoires, ne serait donc pas dû à leur propriété privée mais bien à l’incapacité de nos politiciens à faire appliquer les règles.

On pourrait aussi déduire que les Norvégiens profitent moins du pétrole que les Albertains et, surtout, qu’ils sont beaucoup trop responsables pour que leur modèle soit applicable au Québec!


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