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Hôpital: 250 km

Je l’avoue, je me suis toujours bien marré de ces histoires concernant les grands espaces canadiens. L’explication serait probablement que je ne suis jamais sorti des zones habitées. Parallèlement, je suis tout aussi désintéressé quand on me parle sur comment les Européens vivent collés. Très vite, je rappelle à mes interlocuteurs que 1000 km séparent Paris de la Côte d’Azur, qu’il faut des heures pour traverser l’Allemagne et qu’au départ de Copenhague, on roule 500 km avant d’atteindre la pointe nord du Danemark.

En 2007, j’ai pris le train de Paris vers Montluçon pour assister au mariage de mes amis dans le département de l’Allier…. 3 heures dans le bois! À me descente, je me suis exclamé « Veux-tu bien me dire pourquoi les Français viennent au Québec pour aller dans le bois? »

C’est en Islande que la notion de « territoire vide » s’est vraiment ancrée dans moi. 320000 personnes vivent sur 103000 km2 et une fois qu’on enlève le sud-ouest du pays, Akureyri et l’archipel de Vestmannaeyjar, il reste moins 100000 personnes sur un territoire immense. Rouler 2-300 km et ne rencontrer qu’une dizaine de véhicules, voir des fermes où le plus proche voisin est à des dizaines de kilomètres, voilà.

La fermière de Moðrudalur nous expliquait que le voisin est à 37 km, l’épicerie 60 et la ville 104. Helga, notre guide, disait que pour vivre dans ces coins reculés de l’est du pays, il faut avoir un congélateur bien rempli et être prêt à tout, y compris éteindre l’incendie de sa maison. La scolarité des gens est basse, les jeunes n’ayant pas toujours les moyens de continuer leurs études s’ils doivent habiter en ville… Au primaire, les enfants doivent tellement parcourir de kilomètres en autobus qu’ils ont des horaires de cours spéciaux.

Tout ça pour en venir à un sujet d’actualité de ce mardi: les salles d’accouchement en Islande rurale. Dans 7 régions du pays, les mamans doivent parcourir plus de 75 km pour donner naissance à leur enfant, la palme revient aux résidentes de Þórshöfn á Langanesi – 250 km pour se rendre à l’hôpital d’Akureyri. Un trajet long mais aussi impensable par mauvais temps, et en Islande c’est plus la norme qu’autre chose (exemple).

Pourquoi on en parle? C’est que l’Islande a besoin d’argent et les services de santé en région rurale sont dans la ligne de mire. Or, c’est un roue qui tourne, par prévoyance, les femmes se rendent en ville au lieu d’avoir à parcourir de si grandes distances. Donc, les salles d’accouchement des dispensaires des plus petites communautés en viennent à ne plus être utilisées: on ne recense aucune naissance à Egilsstaðir depuis 2002, à Húsavík depuis 2007 et à Patreksfjorður depuis 2004. Et même dans les plus grandes, compte tenu de la baisse de la fécondité, on observe une baisse des accouchements.

Le dilemme est donc prévisible. D’un point de vue comptable, logique de fermer des installations qui ne sont pas utilisées. Mais la population locale y tient tout de même, le service devant exister pour des situations d’urgence telle une naissance prématurée.

J’avoue ne pas être 100% certain que la situation ne se produit pas au Canada mais la prochaine fois qu’on m’en parler, je saurai quoi répliquer… 😀

Santé au Danemark dans La Presse: Parole de technocrate

C’est @Citoyenk qui m’a tweeté l’article suivant, paru dans La Presse le 2 novembre dernier: Financement de la santé: Le Danemark l’exemple à suivre.

Passons-le au rayons x…

Tout d’abord, prenons acte qu’Ariane Lacoursière a discuté avec un certain Poul Erik Hansen, qu’elle identifie comme le ministre de la santé du Danemark. Or, il n’en est rien. Le site officiel de la conférence le décrit chef du service économie du ministère danois de la santé. En danois, son poste s’appelle « Kontorchef » – un administrateur dans la fonction publique. Désolé mais ça part mal…

Les établissements de santé y sont gérés par cinq «régions», plutôt que par 18 agences et 95 centres de la santé et des services sociaux (CSSS) ici au Québec.

Le budget annuel du ministère de la Santé du Danemark, qui dessert 5,6 millions d’habitants, est de 20 milliards de dollars canadiens. Au Québec, où on compte 7,9 millions d’habitants, le budget annuel est de 28,1 milliards de dollars.

Il semblerait donc que le Danemark économise sur les cadres et les coûts de gestion, donc l’argent va vers les patients et non pas dans les bureaux. Je lis
ici que les coûts administratifs du système de santé danois ne sont que 5 à 8% du budget total.

Un citoyen moyen paie 50% de taxes diverses dans ce pays.

Un pauvre aussi, madame!

«Plus un hôpital traite de patients, plus il reçoit d’argent»

Combien de fois a-t-on voulu faire ça au Québec?

En 2007, le gouvernement a aussi obligé les 98 municipalités de son territoire à payer une portion des frais de santé de leur région. «Les municipalités paient ensemble 10% de la facture de leur région», explique M. Hansen.

Sans expliquer que la Kommune fait des choses qu’aucune ville québécoise ne fait… Au Danemark, la ville reçoit 50% des impôts et s’occupe de presque tous les services directs aux citoyens: passeports, garderies, perceptions des impôts, écoles… Loin de nos villes où la principale dépense est le déneigement!

«Mais pour que ça fonctionne, on a dû mettre en place un réseau d’information détaillé, dit-il. Tous les jours, les hôpitaux peuvent savoir quel est leur volume d’activité et celui des autres établissements. On présente aussi à tout le monde le prix de chacun des actes effectués à l’hôpital.»

Doit-on rappeler que le Danemark est un pays où les comptes de dépenses des élus sont sur internet? L’appareil d’État québécois manque de transparence pour se soumettre à un tel exercice. Voici un exemple de rapports, comparaisons des établissements au niveau des chirurgies ophtalmiques. Tarifs 2011.

Depuis plus de cinq ans, le gouvernement danois a aussi instauré une «garantie de traitement en un mois» pour tous les citoyens. «Si vous n’êtes pas traité en un mois, vous pouvez aller vous faire soigner dans un établissement privé ou dans un autre pays et votre région devra payer la facture», explique M. Hansen.

Malgré cette possibilité, 98% des Danois préfèrent se faire soigner dans le secteur public. Preuve, selon M. Hansen, que le réseau est efficace et de qualité. «Des gens préfèrent attendre un peu plus longtemps pour se faire soigner dans l’hôpital public de leur choix. C’est pour ça que notre temps d’attente moyen pour un acte est de 60 jours», note-t-il.

Je pense que M. Hansen spin un peu ici. Pour se prévaloir d’un tel droit, il faut répondre à certains critères, fort possible que c’est moins possible en pratique. Je m’explique aussi mal comment le déplacement de seulement 2% des patients vers le privé auraient suffi à faire baisser les listes d’attente de 30% par rapport à 2001 (voir ce rapport). Aussi, par rapport aux 2%, le rapport du ministère parle plutôt de 63000 patients qui vont au privé aux frais du public en 2009 (2008: 93000)… Cela dit, le Vérificateur général fait état d’une augmentation constante de l’argent dépensé par le public dans les hôpitaux privés. Pour 2010, Politiken parle d’un regard de patients s’étant prévalu de la garantie de soins

Ma recherche amène aussi un texte curieux. En mai dernier, Politiken relevait que les coupures et les congédiements dans les hôpitaux publics avaient réussi à réduire le temps d’attente de 67 à 53 jours en 2 ans.

Ici, un rapport du vérificateur général couvre également un aspect que ni La Presse ni la la conférence elle-même n’ont abordé. Ces Danois qui payent de leurs poches, ou via des assurances complémentaires, pour se faire soigner au privé. De 141000 en 2002, le nombre d’assurés privés est passé à 1 million en 2008. Et si, en 2007, le privé ne réalisait que 3% des chirurgies totales au Danemark, il prend une place de plus en plus importantes dans certains domaines: 22% des opérations aux yeux, 35% des interventions en orthopédie et 60% des chirurgies bariatriques sont effectuées dans les hôpitaux privés.

En juillet dernier, étude indiquait qu’un Danois sur 5 avait déjà eu recours aux soins de santé privé. Sans trop de surprises, les électeurs les plus à gauche, SF et Enhedslisten, sont les plus réfractaires.

Pour le gouvernement danois, tout le monde gagne d’avoir ces « deux vitesses »: Ceux qui peuvent aller au privé libèrent des places pour les gens qui ne peuvent pas.

Quand on lui demande quelle est la durée moyenne de l’attente au service des urgences de son pays, M. Hanse s’exclame: «Elle est longue!» Selon les périodes de l’année, elle varie de moins de 1 heure à 12 heures, selon M. Hansen. Au Québec, l’attente moyenne a été de 17h36 l’an dernier.

Contrairement au Québec, où l’accès à un médecin de famille est difficile et où la pénurie d’infirmières cause bien des maux de tête, le Danemark n’éprouve pas ces problèmes. «On a même un peu trop d’infirmières en ce moment», note M. Hansen.

C’est faire abstraction des différences fondamentales entre les deux systèmes d’assurance-maladie. Si on réfère aux informations sur le site de la Municipalité de Copenhague, on remarque que le système danois impose le médecin de famille comme premier contact dans le réseau. Les communes tiennent des listes de médecin et chacun doit s’y enregistrer, on peut demander aux autorités de nous assigner à un médecin. La clinique doit être dans les 5 km de son lieu de résidence, à moins d’avoir la permission écrite du médecin qu’on veut voir. Des frais sont applicables pour changer de médecin. Notez qu’on peut aussi être assuré dans le « groupe 2 », où vous allez chez n’importe quel médecin mais vous payez et l’assurance-maladie publique vous rembourse.

Les médecins danois ne travaillent que le jour, il faut donc s’absenter du travail pour les consulter. En dehors des heures de bureau, un « sans rendez-vous » est assuré à tour de rôle… C’est ainsi qu’on n’engorge pas les urgences pour des grippes ou des otites, un facteur très aggravant dans le système de santé québécois.

Sur les infirmières, on se rappelle que la pénurie québécoise a été causée par les mises à la retraite massives de l’ère Marois – sans compensation par une libéralisation du système de santé, sans oublier la dictature des ordres professionnels qui contingent la profession. Impossible, par exemple, de donner un poste au 65% d’infirmières danoises qui ne trouvent pas d’emploi après leurs études!

Selon le ministre, les Danois «sont fiers de leur réseau de la santé». «Ils apprécient l’accès gratuit et universel aux soins, dit-il. Et, oui, je pense qu’ils trouvent qu’ils en ont pour leur argent.».

Ce que dit le « ministre » ici a été dit dans plusieurs sondages, à savoir que les Danois ont l’impression d’en avoir pour leur argent avec tous les impôts qu’ils paient. Jusqu’à quel point c’est vrai, difficile à dire, mais je serais porté à penser que l’universalité du système fiscal amène les politiciens à être beaucoup plus responsables qu’ici.

Poul Erik Hansen a été invité à Montréal pour vendre sa salade en faveur du système de santé public à une conférence organisée par des groupes en faveur d’une tell option. Il a dit aux participants ce qu’ils voulaient entendre, c’est leur choix. Et même si ses paroles ont globalement passé l’épreuve des faits, ça m’enrage de constater qu’encore une fois, la journaliste n’a aucunement remis en doute ce qu’il lui disait.

Sans doute ne faut-il pas mal parler du Danemark quand on travaille avec Marie-Claude Lortie…

Récit d’Henrik Finn Edtwodth Andersen sur son expérience dans les deux systèmes

Seul au monde

Les médias nous parlent parfois des difficultés qu’ont plusieurs personnes âgées à obtenir de l’aide à domicile par l’entremise des CLSC. Des services qui peuvent faire la différence au niveau du maintien à domicile mais qui, faute de sous, ne sont pas toujours disponibles.

Au Danemark, alors que les municipalités cherchent à baisser leurs coûts, l’association des communes propose de mettre fin à la gratuité du service. Ce que l’on suggère, c’est de faire payer les personnes ayant des revenus autres que leurs régimes publics de pension.

Selon l’article du Jyllands-Posten, l’aide à domicile gratuite ne serait disponible qu’au Danemark et, mettez-votre main droite sur votre coeur, au Canada! Reste à savoir dans combien de provinces mais, une chose est certaine, le Québec est parmi elles.

De quoi mettre le sourire sur le visage de notre Jean « Briller parmi les meilleurs » Charest!

En passant, très intéressant de voir que la même nouvelle, chez DR, est titrée: Les vieux riches devront payer l’aide à domicile eux-mêmes. L’ironie dans tout cela, c’est que le JP précise que la mesure toucherait en fait de nombreux retraités danois, alors que la télévision publique semble laisser croire qu’un petit nombre serait forcé de fouiller dans ses poches.

Spin, quand tu nous tiens!

Avoir le cancer en Norvège

Ces jours-ci, NRK Nyheter publie sur son site une série de reportages sur comment le système de santé norvégien répond à la lutte au cancer. D’emblée, un chiffre: en 2008, le cancer a tué 10000 Norvégiens, dont 6000 moins d’un an après leur diagnostic. En 2009, environ 27000 personnes ont reçu un diagnostic de cancer dans le pays fétiche de Jean-Pierre Charbonneau.

Comme au Québec, les listes d’attente sont un gros problèmes en Norvège. Sans doute lassé d’entendre les médias parler de ces cancéreux obligés d’attendre des mois pour des examens de résonance magnétique, quant ils ne meurent pas avant d’avoir pu voir un spécialiste, le gouvernement Stoltenberg a lancé une nouvelle mesure cette année: une garantie de soins dans les 20 jours.

Or, nous dit l’Association des Médecins de Norvège, la solution ne repose pas au niveau du temps. Elle n’est pas non plus dans le 1.4 milliards NOK de prévus pour traiter encore plus de patients…. La base du problème, c’est que la Norvège n’a que 240 oncologues. Des hôpitaux n’ont même pas les ressources humaines pour faire fonctionner des scanners tous neufs.

Le 26 juin dernier, Therese-Louise Colohan Valseth faisait une sortie dans les médias. Dans une entrevue au Dagsrevyen, elle affirme qu’elle ne serait pas à quelques mois de mourir si le système de santé ne l’avait pas condamné à attendre sur une liste.

Ceci dit, contrairement aux Canadiens, les Norvégiens sont libres de sortir leur argent ou leurs assurances et aller se faire soigner dans des hôpitaux privés. Une clinique privée du Telemark va même jusqu’à envoyer des lettres aux patients sur sa liste d’attente pour les inviter à prendre rendez-vous le soir, à leur frais, puisque le gouvernement a réduit le nombre d’examens qu’il finance, à la même adresse, de jour.

On penserait pourtant que les Norvégiens, qui se saignent toute leur vie pour le fisc, n’auraient pas à vivre un tel calvaire quand ils ont besoin de services financés à même leurs étouffants impôts.

Lettre d’un patient à l’association norvégienne du cancer: Avoir le cancer en Norvège, pays le plus riche du monde, c’est de la torture psychique!

Stefanie Vogelsang: Un médecin par coin de rue?

On en a longtemps parlé au Québec, les régions éloignées ont de la difficulté à recruter des médecins. C’est la même chose pour certains coins d’Allemagne, y compris la capitale fédérale si on croit la députée CDU Stefanie Vogelsang.

Depuis janvier, la loi allemande sur le financement des caisses d’assurance-maladie publiques permet de payer des primes aux médecins qui s’établissent dans des secteurs moins attrayants financièrement. Or, l’exclusion de Berlin dans ce programme est un non-sens, nous dit la représentante de Neukölln au Bundestag.

Longtemps, Berlin a eu un surplus de médecins (c’est encore le cas pour les vétérinaires). Maintenant, le ratio a diminué mais seulement au point d’avoir un équilibre entre offre et demande: 6800 médecins en clinique et 1600 psychothérapeutes pour 3.4 millions d’habitants (ironiquement, le Québec en compte 20000 pour 2x+ de gens et on en manque).

Le problème, toujours Mme Vogelsang, n’est pas le nombre total mais leur répartition. Les quartiers « riches » sont mieux pourvus en médecins que ceux où les revenus sont les plus bas: Neukölln, Marzahn-Hellersdorf, Lichtenberg, Treptow-Köpenick et le quartier Wedding dans Mitte.

Il y aurait un médecin de famille pour 1059 habitants de Charlottenburg contre un pour 1600 à Neukölln. En gynécologie, la différence serait encore plus grande: un pour 11144 femmes de Neukölln, contre un pour 4876 dans Mitte.

La politicienne exclut que les habitants des quartiers pauvres se déplacent pour obtenir des soins. Une heure de métro, c’est trop, et les pauvres n’ont pas les moyens de payer les transports en commun, donc les gens « préfèrent » attendre un mois pour un rendez-vous près de chez eux.

Sinon, madame suggère que le Land de Berlin répartisse les médecins, par une loi, équitablement partout dans la ville.

Perso, j’ai un peu de misère avec le fait qu’elle juge inadmissible que les gens se déplacent. Admettons qu’une personne soit physiquement capable de le faire, prendre la U-Bahn pour aller ailleurs en ville ne devrait pas être la fin du monde. Après tout, on se déplace bien pour faire plein de choses… On a beau parler de « vie de quartier », peu de gens peuvent se vanter de ne jamais avoir à sortir d’un périmètre limité près de chez eux.

Les Berlinois prestataires de l’aide sociale ont droit à plus de 50% de rabais sur le transport en commun (ici) et il existe d’autres possibilités de quasi-gratuité pour leurs enfants. Et une personne qui n’achèterait pas de tickets, faute d’argent ou de besoin, pourrait tout de même certainement se permettre les quelques euros d’un aller-retour en passage simple!

Et même à ça, j’ai l’impression que même si on leur donnait un aller-retour gratuit en métro pour aller chez le médecin à l’autre bout de la ville, ça coûterait moins cher que donner des bonus à des médecins pour déménager leurs bureaux de quelques kilomètres!

Berliner Morgenpost

UE: bientôt la libre-circulation des patients d’hôpitaux

Le parlement européen adoptera demain une nouvelle liberté pour les citoyens des 27: celle de se faire soigner dans le pays de leur choix, au frais du système d’assurance-maladie de leur pays, et ce sans obtenir d’autorisation préalable des autorités médicales où ils vivent.

À leur actuelle, la transférabilité de la couverture médicale n’est garantie que pour les soins d’urgence. Et dans les cas où, comme au Danemark, les autorités envoient des malades à l’étranger lorsque les listes d’attente sont trop longues.

Parlant du Danemark, celui-ci s’y oppose principalement pour deux raisons: l’absence d’obligation de consulter un médecin danois avant d’aller ailleurs, et que la libre-circulation ne soit pas liée à l’engorgement des systèmes de santé nationaux. Ce qui, à mon avis, n’est pas étranger au fait que le Danemark peine souvent à soigner les patients dans des délais raisonnables – on aurait donc peur que trop de gens aillent à l’étranger!

La directive ne prévoit que 4 raisons de refus:

– Si le transport vers l’hôpital étranger ne peut-être assuré
– Le patient est contagieux
– Le patient désire un traitement non-reconnu/remboursé par son pays
– Les autorités médicales peuvent garantir que le patient sera soigné dans des délais raisonnables dans son pays.

La dernière clause étant très vague, on espère que les médecins n’en abuseront pas trop!

DR

Hospitalsagen: Ce qu’on n’a pas dit…

Il y a quelques temps, à la faveur d’un texte de David Descôteaux, on a parlé un peu des hôpitaux privés danois et le rôle salutaire qu’ils jouent dans le système de santé.

En cette fin d’année, on en apprend de plus en plus sur la fameuse « Affaire des hôpitaux » (Hospitalsagen) qui s’apprête à connaitre son dénouement. Sauf que les médias et l’opposition sont passé à côté d’un détail EXTRÊMEMENT important, sans doute par partisanerie envers un système de santé 100% public!

Rappel des faits:

2002: Lars Løkke Rasmussen, alors ministre de la santé (et aujourd’hui PM), propose une solution « radicale » au problème des listes d’attente. Tout patient non traité dans les 8 semaines (après 2007, 4) sera référé à un hôpital privé aux frais de l’État.

2008: Lors d’une grève du personnel soignant, les 5 régions danoises achètent des centaines de chirurgies auprès des hôpitaux privés (Claudette aimerait pas: l’État danois a été un scab!) et on découvre que les tarifs sont de 20 à 40% plus bas que les prix négociés dans le premier accord de 2002.

Une fois l’information rendue publique, l’opposition s’en empare et exige des comptes. Pour la gauche au Folketing, ça veut dire que l’État paie au moins 25% trop cher les services contractés au privé.

Comme toute affaire du genre, on a droit à tout un lot de documents cachés, de fonctionnaires et d’élus qui n’ont pas voulu parler… Certains ont été rendus publics dans les derniers jours seulement.

Un rapport du vérificateur général du Danemark, publié en 2009 (ici), amène cependant des données très intéressantes que les médias et l’opposition ont complètement ignoré:

– Le tarif « de base », sur lequel les accusations de « overbetaling » se basent, correspond à 95% du tarif dans le système public.
– Certaines chirurgies coûtent de 11 à 60% moins cher dans le privé comparé au public.

À trop focuser sur le « trop » payé par l’État, qui est évidemment condamnable, on est passé à côté d’une autre conclusion à formuler: il coûte moins cher aux contribuables danois de se faire soigner au privé aux frais de l’État.

Parce que personne ne me fera croire que si le gouvernement et le secteur privé en santé s’étaient d’abord entendus sur 95% des tarifs publics, le privé faisait un cadeau et perdait de l’argent. Les hôpitaux privés danois sont « for profit », alors s’ils font un profit à 95% de ce que le public paie dans son système…

Santé: le blocage allemand

Pour les gouvernements, la santé est devenue rien de moins que le mal du siècle. Tous les pays industrialisés connaissent des problèmes, d’ailleurs très similaires: manque de personnel, et hausse toujours plus importante des coûts. Tout le monde tente bien que mal de trouver des solutions.

Si je suis vite à qualifier les Canadiens de « têtes dures » pour refuser d’envisager d’importantes réformes dans le domaine, réformes allant à l’encontre des paramètres existants, force est de constater que les mêmes mots s’appliquent à mon deuxième pays. L’opinion publique allemande se dresse contre les visées du ministre Filip Rösler.

Il faut dire que notre assurance-maladie semble bien jeune comparée à l’allemande, créé par nul autre que Bismarck il y 140 ans!

Pour résumer rapidement, chaque résident de l’Allemagne doit avoir une assurance-maladie sauf s’il est riche. Une personne ayant des revenus annuels inférieurs à 42000€ doit s’assurer au public, les autres au privé. Les deux secteurs ont un éventail de compagnies où l’assuré peut se promener selon les services offerts. La prime correspond à environ 15% du salaire, et l’employeur en assume la moitié.

Le gouvernement fédéral a déjà permis aux caisses de facturer leurs clients différents frais supplémentaires afin qu’elles se renflouent, mais ce n’est pas encore suffisant alors le ministère de la santé étudie sérieusement le remplacement des primes ajustées selon les revenus par des primes fixes.

L’opposition à ces deux propositions s’articulent autour de deux arguments. Les « frais supplémentaires » sont dénoncés parce que les employeurs ne participent pas, et les primes fixes sont décriées car elles ne respectent pas le principe de solidarité.

En guise de réplique, l’opposition parle de plus en plus d’abolir le système d’assurance actuel et le remplacer par un système à la canadienne. Incroyable, mais vrai! J’ai d’ailleurs écrit un texte là-dessus sur un blogue libéral allemand, à venir bientôt.

Notez cependant que, mis à part les « frais supplémentaires », le gouvernement est encore dans la phase des consultations. Et c’est dans l’ombre de ces changements que l’on a réalisé l’enquête annuelle sur les services de santé en Allemagne, où l’on interroge 1800 citoyens et 800 médecins sur leurs perceptions. Voici les chiffres:

82% trouvent la réforme injuste
75% doutent qu’elle assure réellement le financement du système de santé
61% sont insatisfaits du ministre fédéral de la santé (62% l’étaient de sa prédécesseure)
70% jugent le système de santé allemande « bien » ou « très bien » (80% il y a 2 ans!)
42% ont peut de devoir se priver de soins pour des raisons financières
38% se privent déjà de soins pour des raisons financières
70% déclarent le prix des médicaments comme cause de la hausse des coûts en santé,
68% les changements démographiques
61% trouvent que « Big Pharma » a été choyée par la réforme
66% disent que les assurés sont trop touchés par la réforme
50% des gens et 70% des médecins trouvent que beaucoup d’Allemands consultent trop les médecins
73% des médecins trouvent raisonnables d’exiger une participation financière des patients à leurs soins.
90% des patients rejettent une augmentation des primes d’assurance
80% s’opposent à payer plus pour les médicaments
75% contre l’idée d’absorber eux-mêmes une partie des coûts d’une visite médicale
66% contre le ticket modérateur à chaque visite
66% contre le modèle suisse (présentation ici)

Bref, la santé est en train de devenir en Allemagne la même chose qu’ici: un mange-ministre!

J’aurais aimé entendre les propositions de ces personnes qui ont dit non à toute forme de financement supplémentaire. C’est beau dire non, mais les coûts grimpent et il faudra que quelqu’un les couvre et ça ne sera pas le voisin!

Soit dit en passant, l’étude « MLP-Gesundheitsreport » a été réalisée dans d’autres pays cette année et il s’avère que les Allemands sont à la traine derrière leurs voisins suisses et néerlandais… Comme quoi ces modèles qu’ils rejettent peuvent très bien être la solution durable à leurs problèmes

Berliner Morgenpost
Berliner Morgenpost

Même de gauche, les Danois aiment les hôpitaux privés

Un sondage qui tombe à point, 24 heures après la mention du Danemark dans un billet de David Descôteaux sur les innovations en santé. Il y parle de quelque chose dont j’ai déjà mentionné, la garantie de soin: si l’État ne peut pas vous opérer dans les 4 semaines, il vous envoie dans un hôpital privé et paie.

Une mesure élaborée par l’actuel gouvernement VK, et applaudie par les électeurs de l’opposition de gauche. 64% des électeurs des quatre partis du « bloc rouge » l’appuient.

Appelé à commenter, le chef du Socialistiske Folkeparti, Villy Søvndal a toutefois émis le souhait que, d’ici 10 ans, le système de santé danois pourrait se passer de cette « aide ». Ceci dit, il précise qu’il n’est pas en faveur d’une interdiction des hôpitaux privés au Danemark, simplement à ce que le Danemark ait un système de santé public efficace où chacun a accès à des traitements dans des délais raisonnables.

Ça donne une idée du dinosaure canadien en matière de santé. Vous avez ici le chef d’un parti politique de gauche, qui serait entre Québec Solidaire et le PQ chez nous, qui admet l’existence d’hôpitaux privés à buts lucratifs…

DR

Briser les tabous budgétaires

Lundi, un sondage révélait que 61% des Islandais sont en faveur de la séparation de l’Église et de l’État. Réflexion bien pragmatique de plusieurs: l’État doit couper 33 milliards de couronnes, si on cesse d’entretenir les prêtres luthériens, qui ont d’ailleurs refusé de couper leurs salaires l’an dernier, en voici 4.5 de trouvés.

Ásbjörn Óttarsson, député du Parti de l’Indépendance, est arrivé avec une autre mercredi: Couper tout subside aux artistes.

Ce qui est dommage, c’est la partisanerie derrière ces idées. La gauche appuiera la première, la deuxième ralliera la droite. Alors que, dans ces temps difficiles, je crois que les deux doivent être appliquées.

Surtout que ces deux domaines me semble passablement superflus lorsque l’on apprend que la colère se fait entendre dans les communautés rurales où les soins de santé passeront dans le collimateur de la lutte au déficit. Comment peut-on justifier investir dans une salle de concert quand on coupe 40% du budget de cliniques très éloignées des centres? Surtout que, on la voit venir à cent mille, la fameuse question de la centralisation va se être posée: pourquoi les coupes se font plus à la campagne qu’en ville.

En tout cas, les femmes de Heimaey obligées d’aller accoucher à Reykjavik sont mieux de s’apporter un robe chic, elles en profiteront pour aller à un concert à la salle Harpa LOL

Visir.is


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